Alors que le sort des usines Arjowiggins est encore en suspens et qu’Antalis a annoncé avoir confié à Goldman Sachs la recherche d’une nouvelle structure actionnariale, leur actionnaire Sequana, empêtré dans un contentieux avec British American Tabacco, annonce avoir sollicité la conversion de sa procédure de sauvegarde en procédure de redressement judiciaire.
Par un communiqué du 7 mars dernier, le géant papetier français annonce qu’à l’initiative des organes de la procédure, une requête a été déposée auprès du Tribunal de commerce de Nanterre en vue de « solliciter la conversion de la procédure de sauvegarde dont Sequana fait l’objet en redressement judiciaire ». Une annonce importante alors que Sequana disposait jusqu’au 17 mai 2019 pour présenter un nouveau plan de sauvegarde.
Sequana fonde cette demande sur « l’impossibilité pour Sequana, à la suite de l’arrêt rendu par la Cour d’appel de Londres dans le litige opposant la société au groupe BAT Industries plc, de présenter un plan de sauvegarde permettant d’apurer le passif dont elle doit tenir compte et d’assurer le financement d’une période d’observation dans l’attente d’une décision de la Cour Suprême en Angleterre qui, si le recours formé par Sequana devant cette juridiction est autorisé, ne peut probablement pas être attendue avant un délai minimal d’environ 13 mois ».
Selon Sequana, le Tribunal de commerce devrait se prononcer sur cette demande d’ici 15 jours. En attendant, la société a sollicité la suspension de sa côte à la bourse de Paris.
Toute une région dans l’émoi
Cette décision fait écho au report d’une quinzaine de jours de la date d’examen des offres des repreneurs éventuels d’Arjowiggins, filiale de Sequana, également décidé par le Tribunal de commerce de Nanterre. Une audience serait prévue le 20 mars prochain.
Derrière le sort du papetier français, c’est toute une région qui est dans l’émoi compte tenu du savoir-faire de l’entreprise, notamment dans la conception de papier recyclé, qui est considéré comme l’un des meilleurs au monde, et de l’importance qu’elle a prise dans le tissu économique locale. Le papetier souffre néanmoins d’une activité compliquée, avec un cours de la pâte à papier en hausse et une baisse structurelle des volumes.
Le norvégien Terje Aglund attendu demain chez Arjowiggins
Dans ce contexte, le norvégien THLF dirigé par Terje Aglund, qui s’intéresse à la reprise des sites sarthois de Bessé-sur-Braye et du Bourray, mais aussi à celui de Greenfield à Château-Thierry dans l’Aisne, visiterait mardi 12 mars les usines d’Arjowiggins à Bessé-sur-Breye selon Actu.fr. Le repreneur maintiendrait 413 postes sur 568 sur le site de Bessé-sur-Braye, 210 sur 262 au Bourray et l’intégralité des 74 postes à Greenfield. Cependant, quelques zones d’ombre sur le financement de son offre sont encore à éclaircir : alors que le candidat repreneur solliciterait une aide d’environ 30 millions d’euros de l’Etat, il devrait démontrer pouvoir apporter un montant équivalent directement. Un point nécessairement très sensible dans un contexte où Ascoval a connu une importante déconvenue, faute de repreneur suffisamment solide financièrement pour la reprise.
En parallèle, l’entreprise familiale CGMP s’intéresserait également à la reprise de l’usine de Bourray près du Mans et envisagerait la reprise de 116 salariés sur ce site (sur 262). Selon Usine Nouvelle, l’usine du Bourray, qui est spécialisée dans la ouate, est un fournisseur de matière première du candidat repreneur CGMP.
Goldman Sachs mandatée pour le dossier Antalis
De son côté, Antalis International qui est actuellement détenue à 75,21% par Sequana, à 8,54 % par Bpifrance et à 16,25 % par le public suite à son introduction en bourse en 2017, a pris acte du communiqué de Sequana et indique poursuivre « avec l’appui de la banque d’affaires Goldman Sachs, le processus concurrentiel organisé pour la recherche d’une nouvelle structure d’actionnariat qui lui permettra d’assurer son développement et la mise en œuvre de son plan stratégique ». Il n’en demeure pas moins qu’Antalis étant un actif important de Sequana, cette cession devrait être regardée de près par le Tribunal de commerce de Nanterre, compte tenu de la procédure collective de cette dernière.
Par Cyprien de Girval