Zodiac Nautic, connue pour ses bateaux pneumatiques, a frôlé le naufrage en 2015, avant de rebondir grâce à trois industriels chevronnés qui ont su prendre en compte les spécificités d’une activité cyclique tout en plaçant la qualité et l’innovation au cœur de leur stratégie.
Un fleuron du Made in France
Fleuron de l’industrie Made in France, l’histoire de l’entreprise Zodiac débute en 1896, avec la création de la Société Française de ballons dirigeables et d’aviation. En 1920, l’entreprise se diversifie dans l’univers maritime en construisant des vedettes pour la Marine nationale française et débute ses recherches sur les bateaux pneumatiques en 1934 pour l’aéronavale qui cherche des solutions innovantes pour le transport militaire. Dans les années 60, l’entreprise s’oriente vers les loisirs et notamment la navigation de plaisance.
Placée en redressement judiciaire en 2015
En 2007, l’entreprise est rachetée par le fonds de pension américain Carlyle et devient Zodiac Marine & Pool. En 2012, Carlyle cède l’activité canots pneumatiques au fonds Oaktree et la plaisance et les ballons au fonds Opengate. Se succèdent de nombreux plans sociaux, l’entreprise devient instable et le chiffre d’affaires fond comme neige au soleil, passant de 80 à 26 millions d’euros en 2014, avec 14 millions d’euros de pertes. La production est délocalisée en Chine et Zodiac est placée en redressement judiciaire en avril 2015 et passe à deux doigts de la faillite.
Pour expliquer cette chute, il faut d’abord avoir en tête que le marché français des bateaux pneumatiques est à l’époque en difficulté, ayant été divisé par deux en 2008. L’entreprise se positionne sur un marché moyenne gamme, entre le low-cost de Chine vendu 30% moins cher et le premium d’Italie et tarde à prendre la décision de se lancer sur le premium, marché le plus rentable. Enfin, l’activité nécessite une solide assise financière, notamment pour financer le besoin en fond de roulement important pour cette activité cyclique et les stocks.
Le succès d’une reprise ambitieuse basée sur la qualité et l’innovation
Désireux de sauvegarder cette marque historique et connue de tous, trois industriels vont proposer un projet de reprise : Dominique Heber-Suffrin, à la tête d’Energetic Developpement, Pierre Bastid et Florent Battistella, ex-dirigeants de Converteam, rachetée par General Electric.
Leur projet est ambitieux et présente l’avantage de limiter la casse sociale puisqu’il conserve la quasi-totalité des emplois. Le trio prévoit un programme d’investissement de 15 millions d’euros et un plan d’action concret : il préconise une gestion beaucoup plus rigoureuse qu’elle n’a pu l’être et un développement basé sur l’innovation. De la remise à plat du schéma industriel pour permettre aux clients de personnaliser les produits à l’exigence d’une qualité d’exécution irréprochable, en passant par une volonté d’améliorer sa présence au niveau mondial, les projets sont nombreux et prometteurs.
Pour avancer, l’équipe va s’appuyer sur les forces de l’entreprise. Zodiac possède une position de leader mondial avec une couverture aux Etats-Unis et en Tunisie qu’elle est la seule à pouvoir proposer. Fabriquer en Chine n’est pas une bonne solution, notamment en raison de l’image négative renvoyée en terme de qualité. Pour enrayer cette problématique de qualité, faciliter la logistique, réduire les délais de fabrication et réagir plus vite aux commandes des distributeurs travaillant avec peu de stocks, elle décide de relocaliser la production en France, à Ayguesvives, près de Toulouse.
Zodiac mise également sur l’innovation et a récemment proposé un boîtier connecté présentant une fonction de traceur GPS et permettant d’assurer le suivi de son bateau grâce à une grande variété d’applications. Lors du dernier salon nautique qui s’est tenu fin 2017 à Paris, Zodiac a pu présenter sa dernière innovation, le concept Boat eJET qui n’est autre qu’un bateau électrique. Après deux années de relance, Zodiac rayonne.
Par Bastien de Breuvand