Fondée en 1935 par Marius Lamberet à Vonnas, dans l’Ain (01) puis déplacée à Saint-Cyr-sur-Menthon (01) en 1969, l’entreprise Lamberet est spécialisée dans la carrosserie pour fourgon et camion frigorifique. Placée en liquidation judiciaire le 7 avril 2009 par le Tribunal de commerce de Bourg-en-Bresse, les actifs sont repris et l’aventure relancée. Un succès !
En 2008, la crise vient frapper l’entreprise de plein fouet, entraînant une chute des commandes et le début d’une spirale qui la conduira à la liquidation judiciaire. Le groupe Caravelle reprend alors les actifs à la barre du tribunal et se lance avec Erick Mejean, qui en prend la direction générale, dans la renaissance d’une activité en laquelle ils croient dur comme fer. En janvier 2010, ils immatriculent seulement 4 camions…
Une inadéquation de l’offre aux attentes des clients
Pour expliquer cette liquidation, Erick Mejean estime que l’entreprise proposait des produits de qualité médiocre, en inadéquation avec le marché et les attentes des clients qui ont donc fuit. Autre problématique et non des moindres : l’entreprise ne semblait, à l’époque, pas suffisamment bien gérée financièrement, ce qui ne facilitera pas la situation.
Le transport est un secteur d’activité compliqué, avec des marges faibles. Lamberet doit nécessairement s’adapter à ces contraintes pour proposer des solutions qui permettent à ses clients d’optimiser leur rentabilité. Pour eux, il faut donc aller chercher les gisements d’économies là où ils se trouvent.
Trouver le bon équilibre entre les 5 piliers de l’entreprise
Avant toute chose, Erick Mejean s’est attaché à conserver les mêmes équipes, à leur redonner de la passion, de l’envie, du courage et de l’énergie. Il est allé regagner la confiance perdue des clients, des fournisseurs en remettant à plat la gestion de l’entreprise, le produit et la stratégie.
Selon lui, la clé pour bien gérer une entreprise consiste à trouver le bon point d’équilibre entre la finance, le commerce, l’industrie, le développement et le marketing. Ce sont pour Erick Mejean les cinq piliers d’une entreprise et aucun de ces piliers ne doit se développer au détriment des autres
Gestion, produit, stratégie. Les clés pour relancer l’activité
La stratégie a donc consisté à se différencier en segmentant la gamme de produits afin de créer un produit pour une activité. Après avoir identifié les activités, ils ont donc créé un produit pour la longue distance, un autre pour les missions urbaines ou encore un autre pour le transport de viande, là où leurs concurrents proposaient des produits génériques. Le tout en recherchant un positionnement premium avec des produits de très grande qualité.
En termes de gestion, Lamberet a veillé à ne pas être trop consommateur de liquidités. L’entreprise s’est concentrée sur le développement de ses produits pour s’assurer une rentabilité et renouer avec la croissance.
Dans un second temps, utiliser l’innovation comme un relais de croissance indispensable
C’est ensuite qu’elle a fait le choix d’une politique d’innovation d’envergure, qui participe aujourd’hui grandement au succès de l’entreprise et qui semble indispensable pour avoir un temps d’avance et conserver sa position de leader. L’entreprise s’attache à rester souple et en fait même une priorité au service de ses clients en se donnant la capacité de réagir rapidement pour s’adapter à leurs demandes et proposer par exemple des véhicules à la pointe de l’innovation, plus légers donc moins gourmands en carburant et des fourgons toujours mieux isolés donc avec moins de déperdition.
Dernières innovations en date : la création d’un aérodynamisme digne d’un TGV pour les poids-lourds ; l’application Smart&Safe qui permet un contrôle à distance des équipements et à terme une gestion prédictive des entretiens, ou encore le premier utilitaire frigorifique hybride électrique-hydrogène au monde.
Innover aujourd’hui, c’est par exemple répondre aux défis de livraison urbaine, c’est adapter la gestion de la chaîne du froid aux nouveaux comportement des clients finaux qui souhaitent de plus en plus se faire livrer leurs courses à domicile. Innover, c’est aussi savoir se diversifier sur d’autres marchés, comme la santé et la pharmacie par exemple.
Un retournement réussi : une entreprise leader sur son marché, une situation financière exemplaire
Aujourd’hui, Lamberet est le leader européen de son secteur et premier carrossier frigorifique de France : l’entreprise conçoit et commercialise 7000 véhicules par an sur des gammes très différentes allant des fourgons aux semi-remorques en passant par les coffres et les remorques légères. Avec un chiffre d’affaires de 205 millions d’euros en 2017, l’entreprise a triplé son activité depuis 2009. Elle est présente dans 38 pays et réalise plus de la moitié de son CA à l’export.
Parmi ses forces, l’entreprise maîtrise parfaitement la totalité de la chaîne de conception / production entre les bureaux d’étude et les usines de France et d’Allemagne : plasturgie, l’injection, la chaudronnerie ou l’assemblage des carrosseries.
Six ans après sa reprise, l’entreprise Lamberet a été cédée au constructeur aéronautique chinois AVIC et compte aujourd’hui deux autres usines (en Moselle et en Allemagne) en plus de ses établissements situés dans l’Ain et en Saône-et-Loire. Le carnet de commandes 2018 est en hausse de 10% et l’entreprise prévoit le recrutement d’une centaine de nouveaux collaborateurs qui rejoindrons les 1200 salariés que compte l’entreprise. La situation financière de l’entreprise est exemplaire : aucune dette, une forte capacité d’autofinancement et huit années consécutives de résultats positifs !
Par Bastien de Breuvand