Adviso Recovery est un oiseau rare dans l’univers des banques d’affaires. Cette practice d’Adviso Partners a fait le pari de couvrir le distressed M&A sur le small et mid cap, un segment difficile mais délaissé par ses compétiteurs. Un positionnement qui a trouvé son marché ! A l’image d’Adviso, qui s’est fait un nom sur le M&A in bonis, la pratique restructuring de cette banque d’affaires est désormais clairement identifiée dans l’écosystème, et a de beaux jours devant elle puisqu’elle est contracyclique.
Son histoire est intimement liée à celle de son fondateur, Bertrand Thimonier qui était arrivé au M&A au gré des évolutions professionnelles qui se sont présentées et qu’il a su saisir. Après une vingtaine d’années au Crédit Agricole, il créé Adviso avec le réseau Banques Populaires et Fidal (qui détenaient chacun 25% du capital). Adviso Partners est une plateforme multi-spécialistes des opérations de haut de bilan, regroupant des banquiers, des avocats et des auditeurs. « Ces deux réseaux voyaient souvent leurs clients, dont ils s’occupaient toute l’année, s’orienter vers des banques d’affaires parisiennes quand des opérations en capital se présentaient » relate le dirigeant. Adviso apporte ainsi la brique qui manquait pour proposer à ces entreprises du smid-market, souvent basées en régions, un continuum de services. « Pour Adviso Partners, il est très important d’accompagner les PME / ETI et entrepreneurs durant toutes les phases de la vie d’une entreprise. La phase de difficultés en fait partie. Adviso Partners est lié à tous les moments ».
Ainsi, la banque d’affaires s’est d’abord attelée à développer une présence territoriale forte, avec six bureaux en France : à Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Bordeaux et Lille. Avant de développer ses différentes lignes métiers : Adviso couvre aujourd’hui le small et mid cap en M&A in bonis, le debt advisory (qui porte principalement sur l’accompagnement à la structuration de dette dans le cadre de LBO), l’évaluation (Sociétex), les transactions dans le secteur viticole (avec TransMillésimes, racheté en 2024), les MBI (une offre en cours de développement). Enfin, avec Adviso Recovery, la banque d’affaires se consacre également au distressed M&A, là encore sur le small et mid cap. « Nous essayons d’aborder les deals avec un angle particulier, adapté au caractère spécial du restructuring. Cela demande de savoir parler aux administrateurs judiciaires, aux affaires spéciales des banques, et aux dirigeants de l’entreprise » indique David Attali, qui développe Adviso Recovery depuis avril 2023, avec le concours de Benoît Desteract, dans un rôle de senior advisor. David Attali avait précédemment passé douze ans chez KPMG : d’abord en audit, avant de rejoindre l’équipe restructuring, récemment devenue Interpath. Il s’était hissé au grade de responsable du restructuring, depuis Marseille où il est toujours basé et bien intégré dans l’écosystème (en témoigne sa récente nomination comme administrateur de la branche phocéenne de Prévention et Retournement).
Sur une opération de distressed M&A, ce « tour de main particulier » prend des formes très concrètes : avec la proximité que permettent ses six bureaux, et un rapport au terrain qu’elles cultivent, les équipes d’Adviso aiment se retrousser les manches. Par exemple, en sortant des sentiers battus pour s’imprégner de l’ADN d’une entreprise. « La première fois que nous nous sommes vus, ils m’ont demandé de les emmener dans un magasin pour voir nos produits. Ils souhaitaient comprendre le métier de l’entreprise, ce que nous vendions, comment nous travaillions » confirme Christelle Menguy, présidente du Groupe Nemo, qui commercialise des articles de sport, de pêche et plus généralement de loisirs. La dirigeante de ce groupe sous LBO à l’époque, et qui souhaitait le racheter, avait sollicité l’intervention d’Adviso sur cette opération. « Ils ont par ailleurs été efficaces, et avec une grande disponibilité, précieuse pour des dirigeants en situation spéciale ».
Un constat que partage Stéphane Lehoux, qui dirigeait Saint-Mamet (un agro-industriel du fruit), qu’Adviso avait accompagné sur une opération de changement d’actionnariat. « Ils voulaient comprendre notre activité dans les moindres recoins, rencontrer nos équipes, ou encore voir l’outil de production… Ils ont développé en peu de temps une compréhension très fine de l’entreprise ».
Cette proximité avec les dirigeants, Adviso la revendique. « Les PME sont des entreprises qui connaissent tous types de météo, et nous sommes là pour accompagner leurs dirigeants dans tous types de temps » décrit Bertrand Thimonier. Quand ceux-là sont difficiles, « notre objectif avec Adviso Recovery est d’opérer des transactions M&A dans un cadre de prévention, de préservation de l’actif et de l’emploi, afin de renforcer et redéployer le projet de croissance » complète David Attali. Ainsi, Adviso intervient surtout côté vendeur, sur des deals primaires, « parce qu’on créé de la valeur en renforçant la gouvernance, le capital, l’organisation financière de l’actif ».
Au plan des dossiers, Adviso Recovery intervient essentiellement dans le cadre de procédures amiables (mandats ad hoc et conciliations), sur des opérations d’adossement, de cession ou de levées de capital, mais où une restructuration financière engendre souvent l’arrivée d’un nouvel actionnaire. « Sur cette taille d’entreprise, on a très rarement des dossiers de restructuration financière pure. Il y a souvent un besoin d’aller chercher des nouveaux capitaux pour permettre à l’entreprise de se redéployer » précise David Attali, qui compte une dizaine de lettres de mission en cours, pour des entreprises qui réalisent de 15 à 400 M€ de chiffre d’affaires.
Apprécié des professionnels du retournement, comme Philippe Jeannerot (administrateur judiciaire associé fondateur d’AJRS) qui salue « sa loyauté, sa capacité à travailler en équipe, et sa confidentialité », David Attali s’est bâti une réputation d’acteur national, à son affaire dans les dossiers industriels où il se montre à l’aise avec les dirigeants, les banques et leurs conseils. « Et il est courageux, renchérit Philippe Jeannerot. Il monte sur des dossiers où les autres ne vont pas, de peur de ne pas être payés si le dossier allait en redressement judiciaire. Lui prend ces dossiers qui ne sont pas toujours évidents, il ne lâche rien, et il arrive à trouver des candidats et des solutions financières ».
A l’image d’Adviso Partners qui s’est imposé comme un acteur identifié du M&A midcaps, Adviso Recovery s’est fait un nom depuis deux ans dans l’écosystème du retournement français. Un constat que partage Paul-Henri Audras, administrateur judiciaire associé chez AJ UP, qui a croisé David Attali sur un dossier impliquant une PME du secteur de la parfumerie (30 M€ de CA) en procédure de conciliation. « Depuis l’arrivée de David Attali, qui a contribué à structurer cette pratique distressed M&A, Adviso est devenu un acteur crédible, perçue comme une boutique de qualité sur ce segment du small et mid cap ».
Après 220 deals bouclés depuis la création de l’entreprise, Adviso Partners a encore de l’appétit. Avec sa soixantaine de collaborateurs, 130 mandats en cours d’exécution et un chiffre d’affaires de 25 M€, la banque d’affaires ambitionne de doubler ses activités en poursuivant sur sa lancée. « Nous sommes la première croissance du marché depuis dix ans, à 25% de moyenne » assure Bertrand Thimonier, qui se perçoit moins comme le premier banquier d’Adviso que le dirigeant d’une entreprise portant un projet de croissance ambitieux. « Nous sommes probablement la seule banque d’affaires équipée d’un ERP, ou d’un agent d’IA conversationnel ». Cela en capitalisant sur sa notoriété montante, mais également en développant une activité de MBI et en mettant sur pied un réseau international. Pour monter en gamme et réaliser toujours plus de mandats ? « Sur le distressed, David Attali en a les capacités », assure Philippe Jeannerot.
Par Théo Sztabholz, écrivain