En redressement judiciaire depuis le 9 juillet 2020, Alès Groupe a enfin retrouvé un repreneur. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé la cession des activités du groupe de cosmétiques, ainsi que de ses marques phares telles que Lierac, spécialiste des soins anti-âges premium, Phyto, leader des soins capillaires, ou encore Jowaé, marque de soins naturels, au profit d’Impala.
Fondé en 1969 par Patrick Alès avec les laboratoires Phytosolba, Alès Groupe est présent sur le marché mondial tant des produits cosmétiques (Liérac, Jowaé) que des produits capillaires (Phyto, Kydra, Secret Professionnel, Subtil). Aussi présente sur le marché national de la distribution spécialisée auprès des professionnels de la coiffure, cette entreprise française réalise un chiffre d’affaires de 208,6 millions d’euros en 2019.
En 2019, Alès Groupe avait annoncé la conclusion d’un accord avec ses partenaires financiers permettant notamment un rééchelonnement de la maturité de sa dette, l’entrée au capital d’un nouvel actionnaire minoritaire, Co-Capital, et la nomination de Frédéric Poux en qualité de Président du Directoire. Le but était de réaliser avant la fin 2019 une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription pour un montant maximum de 25,5 millions d’euros au prix de 3,90 euros par action, souscrite à hauteur de 20 millions d’euros par Avila par compensation avec son compte courant d’actionnaire. Le Groupe entendait ainsi se donner les moyens de poursuivre en 2019 son plan articulé autour de la réorganisation de ses équipes en France et du redéploiement de sa marque phare Liera, ainsi que la poursuite du déploiement de Phyto et de Jowae en France et à l’International, en pharmacie et en drugstore.
Cependant, le Groupe a dû faire face à la crise sanitaire, qui a provoqué un arrêt quasi-total de son activité, avec un très fort ralentissement de la distribution dans les pays européens et aux États-Unis. Fin mai 2020, la société souffrait d’un endettement de presque 100 millions d’euros, pour une trésorerie de 14,8 millions d’euros. Face à ce besoin de liquidité conséquent, le Groupe a sollicité l’ouverture d’une procédure collective à son égard. Par jugement du 9 juillet 2020, le Tribunal de commerce de Paris a ouvert un redressement judiciaire au profit du Groupe Alès, avec une période d’observation d’une durée de six mois.
L’étude FHB a été désignée ès qualité d’administrateur judiciaire, et l’étude BTSG2 a été désignée ès qualité de mandataire judiciaire du Groupe.
Le processus de recherche d’investisseurs s’est conclu par le dépôt d’offres de trois candidats à la reprise :
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Les fonds d’investissement Naxicap/Nexstone, dont l’offre portait sur l’ensemble des actifs du Groupe, et sur la reprise de 1120 emplois dont 98 salariés au niveau d’Alès ;
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La filiale de la société Dzeta, Pyramides VII, qui offrait de reprendre l’ensemble des actifs de la société et 1120 emplois dont 89 salariés au niveau d’Alès ;
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La société Impala, dont l’offre portait sur des activités commerciales et industrielles d’Alès Groupe et de la quasi-totalité de ses filiales françaises et étrangères. Les dirigeants du pôle coiffure avaient conjointement déposé une offre pour ce pôle. Ces offres conjointent proposaient la reprise de 1120 emplois, dont 650 en France, et 97 salariés au niveau d’Alès
Cette dernière offre a recueilli le soutien unanime du CSE et des salariés du groupe ainsi qu’un fort support des principaux clients et dirigeants de filiales. Par ailleurs, les organes de la procédure et le ministère public se sont également prononcés en faveur du projet d’Impala.
Ainsi, par jugement du 24 septembre 2020, le Tribunal de commerce de Paris a ordonné la cession au profit de la société Impala, ainsi que des dirigeants du pôle coiffure. Au total, cette reprise conjointe permet de préserver la quasi-intégralité des emplois du groupe.
Faisant suite au rachat de Roger & Gallet, marque iconique d’hygiène et de parfum en pharmacie, Impala poursuit ainsi son développement dans le secteur des cosmétiques. Outre le prix de cession, Impala investira plus de 100 millions d’euros afin de relancer l’innovation et retrouver un développement solide et durable.
Alès Groupe a été accompagné par l’étude FHB (Hélène Bourbouloux, Théophile Fornacciari pour le suivi de la procédure et Alicia Alves pour les aspects sociaux) en qualité d’administrateur judiciaire et l’étude BTSG2 (Stéphane Gorrias) en qualité de mandataire judiciaire.
Le Groupe a par ailleurs été conseillé par les cabinets Weil Gotshal & Manges (Jean-Dominique Daudier de Cassini, Adrien Coulaud et Laura Bavoux) et Veil Jourde (Géraud Saint-Guilhem et Vincent Ramel) ainsi que par Eight Advisory (Florent Berckmans, Stéphane Nénez, Gennat Mouline et Hélène Dubly) sur les aspects financiers.
La Famille Alès, actionnaire majoritaire, était accompagnée par le cabinet Simon & Associés (Jean-Charles Simon) et Co-Capital était représenté par le cabinet Fides Partners (Thomas Bourdeaut).
Impala a été conseillé par les cabinets Latham & Watkins (Alexandra Bigot, Thomas Doyen, Célia Jiquel et Eeva Bernard en restructuring, Alexander Crosthwaite et Louise Gurly en corporate, Fabrice Fages en contentieux, Virginie Terzic en financement et Adrien Giraud en droit de la concurrence) et Joffe & Associés (Géraldine Lepeytre) sur les aspects de droit social.
Les dirigeants du pôle coiffure étaient conseillés par le cabinet Arcanthe (Olivier Bouissou-Dessart).
Les fonds d’investissement Naxicap/Nexstone étaient accompagnés par le cabinet Hogan Lovells (Philippe Druon).
Le candidat Dzeta était accompagné par le cabinet Rescue (Serge Pelletier).
Par Agathe Caquineau