Mayday a organisé son premier Mayday Drink lundi 9 juillet dernier dans les locaux du cabinet Dentons.
Cette rencontre sur le thème « la reprise d’une entreprise en difficulté : menace ou opportunité ? » a été animée par Julie Lavoir, Administrateur Judiciaire fondatrice de l’étude Ascagne, Pascal Gounon, Associé PwC, Nicolas Theys et Audrey Molina, respectivement Avocat Associé et Avocat Of Counsel chez Dentons, et Arnaud Marion, Manager de crise chez Marion & Partners Ltd.
Démystifier la procédure de reprise à la barre
La table ronde a d’abord été l’occasion de démystifier la procédure de reprise à la barre d’une entreprise. En restructuring, « Cash is king » comme le rappelle Nicolas Theys, mais Julie Lavoir a insisté « une offre de reprise en plan de cession n’est pas plus compliquée, c’est différent », rappelant que « non ce n’est pas trop cher, qu’il n’y a pas d’enchère et que connaitre le juge ou l’administrateur judiciaire ne change rien, c’est surtout l’occasion de reprendre une entreprise déjà restructurée ».
L’importance du diagnostic cible
Une attention particulière a également été portée sur l’importance du diagnostic de la cible par Pascal Gounon : « le diagnostic permet d’aller au-delà du discours du dirigeant qui parfois se voile la face et de regarder la valeur des actifs, les passifs associés à reprendre et l’analyse du personnel. Mais avant tout, le diagnostic permet de bien comprendre la viabilité du business pour ensuite poser un BP précis ».
Arnaud Marion a ensuite insisté sur la construction du plan stratégique : « Il faut repartir des fondamentaux et regarder la tendance du marché ».
Arnaud Marion et Pascal Gounon ont d’ailleurs tous les deux insisté : « l’analyse du prix de revient est absolument essentielle » et Pascal Gounon a précisé que dans la construction du P&L post-reprise « il faut une vision la plus micro possible ».
La structuration du projet de reprise
Nicolas Theys et Audrey Molina ont présenté la structuration du projet de reprise et alerté l’assemblée : « certaines sûretés sont transférées malgré la règle de non reprise du passif, il est important de les avoir bien identifiées. Si nécessaire, à défaut d’accord avec les créanciers concernés, il faut laisser la sûreté de côté ». Autre point important relevé par les avocats « savoir identifier les hommes clefs est essentiel ».
Les écueils d’une reprise à la barre
Reprendre une entreprise à la barre peut comporter des écueils qu’il faut absolument éviter. Julie Lavoir a d’abord précisé que « dans la rédaction de l’offre, les ambiguïtés rédactionnelles sont des bombes à retardement » avant de compléter son propos « attention à la gadgetisation des financements et stop aux idées reçues, les sociétés qui sont en redressement judiciaire valent quelque chose». Pour l’administrateur judiciaire, « le mauvais candidat critique les offres concurrentes et ne pense pas à mettre en valeur la sienne». Autre point important relevé, « les chantages à l’emploi pour faire passer un prix scandaleux ne marchent pas ». Julie Lavoir conclue son propos par le conseil suivant « faites positif et pensez à ce que le Tribunal et l’administrateur judiciaire veulent entendre ».
Nicolas Theys et Audrey Molina ont ensuite rappelé que si on reprenait une holding en plan de cession, « les titres des filiales allaient être acquis et donc il faut auditer les filiales pour éviter les mauvaises surprises ».
Du point de vue managérial, Arnaud Marion a précisé qu’il fallait parler aux salariés d’abord, « écoutez tout le monde et ne faire confiance à personne ». Le CE doit avoir les informations en premier et la reprise doit s’appuyer sur le middle management.
La gestion des premiers jours
Ont ensuite été abordées les problématiques post-acquisition entre l’entrée en jouissance et la date de signature des actes de cession : « cette période pose de nombreux problèmes en particulier sur les encours » a précisé Julie Lavoir.
Arnaud Marion a conclu son propos en insistant sur le fait qu’il n’y avait pas d’état de grâce après la reprise, que le repreneur doit donner des preuves de confiance à tous ses interlocuteurs, qu’il faut toujours faire ce que l’on dit et être capable de dire ce que l’on va faire. « Le rythme, le tempo, c’est la marque du dirigeant ».
Le public s’est ensuite livré à une série de questions/réponses intéressantes portant à la fois sur des points techniques ou des aspects managériaux, et notamment à ce titre, la question de la fuite des cerveaux dans les entreprises en difficulté.
Des échanges qui se sont poursuivis tout au long de la soirée, sur la terrasse du Cabinet, en présence des intervenants.
Par Cyprien de Girval