Par jugement du 28 juillet 2020, le Tribunal de commerce de Paris a arrêté le plan de sauvegarde financière accélérée de la société Technicolor réglant la restructuration financière du géant de la vidéo et de l’image.
La société Technicolor, ex-Thomson est spécialisée la conception et la fabrication de systèmes dans la vidéo et d’image numérique destinés aux professionnels des médias, tels que les producteurs de films et les chaînes de télévision, mais aussi les opérateurs de réseaux et autres distributeurs de contenu.
En difficultés depuis plusieurs années, Technicolor a vu au premier trimestre son chiffre d’affaires dégringoler du fait de la crise sanitaire. Contrainte de restructurer sa dette, Technicolor a sollicité l’ouverture d’une procédure de sauvegarde financière accélérée.
Le Tribunal de commerce de Paris a fait droit à cette demande par jugement du 22 juin 2020 et a nommé les études FHB (Gaël Couturier, Hélène Bourbouloux et Oriane Billant) en qualité d’administrateur judiciaire et MJA (Valérie Leloup-Thomas) en qualité de mandataire judiciaire.
Par jugement du 28 juillet 2020, près d’un mois seulement après l’ouverture de la procédure, le Tribunal de commerce a arrêté un plan de sauvegarde, permettant au groupe de procédure au tirage de la deuxième tranche du nouveau financemnet prévu fin août d’un montant d’environ 180 millions d’euros, sous réserve de la mise en place effective des sûretés convenues dans le cadre du plan et en particulier la fiducie-sûreté sur les titres de la société Gallo 8 (holding contrôlée par la Société et qui détient directement ou indirectement les filiales de l’activité Service de Production US et la quasi-totalité des filiales des autres activités du Groupe, hors Services de Production.
L’augmentation de capital votée par les actionnaires le 20 juillet 2020, qui conditionnait l’arrêté du plan de sauvegarde, devrait ainsi avoir lieu dans le courant du mois d’août.
La conversion partielle de la dette en capital (jusqu’à 660 millions d’euros) est structurée comme suit :
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Augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires pour un montant total de 330 millions d’euros, à un prix de souscription de 2,98 euros par action, entièrement garantie par les créanciers RCF par compensation avec leur créances au pair. BPI Participation souscrira à l’augmentation de capital au prorata de sa participation actuelle d’environ 7,5 %.
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Augmentation de capital pour un montant total de 330 millions d’euros à un prix de souscription de 3,58 euros par action, réservés aux créanciers du prêt RCF qui sera entièrement souscrite par voie de compensation avec leurs créances au pair au titre des contrats de crédits.
Par ailleurs des BSA gratuits seront attribués aux actionnaires existants lors du lancement de l’augmentation de capital ainsi qu’aux prêts du nouveau financement.
Pour rappel un financement intermédiaire de 240 M€ a été mis à disposition en juillet selon la répartition suivante :
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110 millions de dollars (net de frais et commissions) mis à la disposition de Technicolor USA, aux termes d’un crédit à terme soumis au droit de l’Etat de New York conclu entre Technicolor USA et les prêteurs au titre du nouveau financement, en vue de refinancer l’intégralité du crédit-relais d’un montant de 110 millions de dollars US exigible le 31 juillet 2020 ;
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140 millions d’euros (net de frais et commissions) prêtés à Tech 6 (filiale à 100% de Technicolor) aux termes d’une émission obligataire soumise au droit de l’Etat de New York et souscrite par les prêteurs au titre du nouveau financement, en vue de financer les besoins de liquidités à court-terme du Groupe. Dès réception des fonds, Tech 6 s’est engagé à prêter simultanément la totalité de la tranche euro à la Technicolor au moyen d’un prêt intragroupe.
La société Technicolor était accompagnée par son administrateur judiciaire, l’étude FHB (Gaël Couturier, Hélène Bourbouloux et Oriane Billant) et son mandataire judiciaire MJA (Valérie Leloup-Thomas).
Elle était en outre conseillée par les cabinets De Pardieu Brocas Maffei (Philippe Dubois, Joanna Gumpelson, Alexis Rapp et Dorine Chazeau en restructuring, Delphine Vidalenc, Meriem Semrani, Fabian Gueroult, Nelly Achille et Jimi Vincent Bonaimépour les aspects corporate et droit boursier et Sébastien Boullier de Branche, Philippe Rios et Alésia Bansillon en financement) et Kirkland & Ellis LLP pour les aspects juridiques et la banque Rotschild (Vincent Danjoux et Simon Behagel) sur les aspects financiers.
Les créanciers du Term Loan B et les apporteurs en new money étaient quant à eux conseillés par les cabinets Gibson Dunn Paris (Jean-Pierre Farges, Charles Peugnet et Martin Guermonprez en restructuring, Benoit Fleury en droit boursier, Amanda Bevan-de Bernède, Julia-Barbara Michalon, Arnaud Moulin et Hajar Qotb en financement, Jérôme Delaurière pour les aspects fiscaux, Bertrand Delaunay, Ariel Harroch, Clarisse Bouchetemblé, Sandra Bouchouareb, Julie Cazalet, Clémence Martinez, Manon Top, Alexandre Salvanet et Adrien Bée pour les aspects corporate et droit boursier), Gibson Dunn US (Janet Vance et Yair Galil du bureau de New York et Fred David du bureau de Denver pour les aspects de financements) et Houlihan Lokey (Laurent Benshimon).
BPI France, les actionnaires et les investisseurs ont été conseillés par le cabinet Weil Gotshal & Manges (Anne-Sophie Noury, Camille Bretagne en restructuring, et Yannick Piette et Bruno Romagnoli sur les aspects corporate, boursier et marché de capitaux).
Par Pauline Vigneron