Subissant indirectement les conséquences de la crise sanitaire, l’opérateur de satellites One Web s’est placé le 27 mars 2020 sous la protection du Chapter 11, permettant l’ouverture d’une procédure se rapprochant de la sauvegarde à la française. Une défaillance d’envergure internationale qui risque d’impacter le marché européen…
La société américaine One Web a créé un projet éponyme visant à mettre sur orbite d’ici à 2021, 650 satellites (74 satellites d’entre eux ont déjà été mis en orbite) permettant d’offrir des connexions internet haut débit sur toute la surface de la terre et notamment dans les régions non desservies par des liaisons terrestres.
Avec la crise du Covid-19, le principal investisseur de One Web, le groupe japonais Softbank, lui-même en difficulté, s’est engagé dans un plan de désinvestissement massif. Aussi, faute de trouver les financements nécessaires pour poursuivre son déploiement (estimé à environ 2 milliards de dollars), le groupe One Web a demandé le 27 mars 2020 aux juridictions de l’état de New York, à se placer sous la protection du Chapter 11 du U.S. Bankruptcy Code, cousin américain de la procédure de sauvegarde française. Cette procédure permet en effet de protéger les actifs de la société et de structurer la poursuite de l’activité et des contrats en cours, après refinancement ou cession de certains actifs.
La mise en suspend de l’ambitieux projet développé par One Web aura des conséquences pour ses partenaires industriels européens : pour la société Arianespace, principal créancier à hauteur de 238 millions de dollars et membre du ‘Creditors Committee’ (comité de créancier), qui devait mettre sur orbite la majorité des satellites, et pour la société One Web Satellites, joint venture de One Web et d’Airbus, dont l’usine en Californie avait décroché le contrat de production de mini-satellites.
Le projet One Web a déjà fait l’objet de plusieurs marques de convoitise de la part de différents acteurs du marché de la connectivité et du web, tels que SpaceX ou encore les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Dans l’hypothèse où une cession serait envisagée, la compétition risque d’être féroce au regard des enjeux de business que peut générer la fourniture d’un service internet à haut débit ayant une couverture mondiale. Affaire à suivre…
La société One Web a été accompagnée par le cabinet Milbank LLP sur les aspects légaux, FTI Consulting en matière de restructuring et Guggenheim Securities LLC en tant que conseil financier.
Le cabinet Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan (Kami Haeri) a conseillé le créancier principal, Arianespace.
Par Pauline Vigneron