Par jugement du 2 novembre 2020, le Tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a arrêté le plan de cession des actifs et des activités des sociétés l’Amy et Henry Jullien Manufacture, spécialisées dans la fabrication de lunettes, au profit de leur ancien actionnaire, la société ILG of Switzerland.
C’est en 1810 que Louis Félix Lamy fonde la société L’Amy à Morez, berceau de la lunetterie française. En 1970, l’Amy est le numéro 1 français avec une production de 1,2 million de lunettes par an et une part de 75% de ventes à l’export. En 2017 le groupe Lamy rachète la société Henry Jullien, fabricant de lunettes dans le Jura depuis 1921, et fonde la manufacture Henry Jullien avec pour objectif de développer un centre de production de matériaux et traitements d’exception.
Impacté par la crise sanitaire, le groupe Lamy a été confronté à une importante baisse de son activité. Démontrant des difficultés qu’il n’était pas en mesure de surmonter, le groupe s’est donc placé sous la protection du Tribunal. Par jugement du 2 juin 2020, le Tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a ouvert des procédures de redressement judiciaire au profit des sociétés l’Amy et Henry Jullien Manufacture et, a désigné les études AJRS et Solve en qualité d’administrateurs judiciaires, et l’étude Pascal Leclerc en qualité de mandataire judiciaire.
Dans ce cadre, deux marques d’intérêt ont été présentées aux administrateurs judiciaires :
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La première, de la société Nea Optiki, société grecque de distribution de lunettes ;
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La seconde, des sociétés Madaluxe et ILG of Switzerland, dont le président Naresh Chainani est également celui de la société L’Amy.
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Compte tenu des faiblesses de l’offre de la société Nea Optiki, Le Tribunal l’a déclarée irrecevable et a examiné l’offre des sociétés ILG of Switzerland et Madaluxe.
L’offre a été déclarée recevable. En effet, l’article 7 de l’ordonnance 2020-596 du 20 mai dernier permet de déroger jusqu’au 31 décembre 2020 à l’interdiction faite aux dirigeants de présenter directement ou indirectement une offre sur des actifs de l’entreprise cédée (L642-3 du code de commerce), sur requête de cette dernière ou de l’administrateur judiciaire, dès lors que la cession permettrait le maintien d’emplois.
En l’espèce, le débiteur a saisi le Tribunal sur cette requête.
Après avoir constaté que l’offre des sociétés ILG of Switzerland et Madaluxe permettait d’assurer le maintien de l’emploi, et ce quasi intégralement, le Tribunal de commerce de Lons-le-Saunier a ordonné la cession des actifs et des activités des sociétés L’Amy et Henry Jullien Manufacture à leur profit.
Les sociétés ILG of Switzerland et Madaluxe vont constituer pour les besoins de la reprise une joint-venture détenue à parts égales. ILG est un groupe suisse actionnaire de la société L’Amy depuis plusieurs années et Madaluxe est un distributeur américain d’accessoires de mode et de lunettes.
Concernant la société L’Amy, l’offre déposée par ILG of Switzerland et Madaluxe prévoit la reprise de 43 salariés sur les 45 actuels, pour un prix de cession de 150 000 €, outre les charges augmentatives du prix attachées au solde total des congés payés (186 598 €). Pour la société Henry Jullien Manufacture, l’ensemble des salariés (16) sont repris, pour un prix de cession de 200 000 €, outre les charges augmentatives du prix attachées au solde total des congés payés (41 765 €).
Les sociétés L’Amy et Henry Jullien Manufacture étaient accompagnées par leurs administrateurs judiciaires, les études AJRS (Philippe Jeannerot, Frédéric Viardot et Etienne Gauthier) et Solve (Florent Hunsinger, Adeline Sarrano et Alexandra Bouton), ainsi que par leur mandataire judiciaire, l’étude Pascal Leclerc (Dominique Masselon et Christophe Roumezi).
Les sociétés L’Amy et Henry Jullien Manufacture étaient conseillées par les cabinets CBR & Associés (Olivier Debeine) et Baker McKenzie (Hector Arroyo et Antoine Santoni), ainsi que par le cabinet Adequacio (Damien Mignot).
Les repreneurs ILG Of Switzerland et Madaluxe étaient conseillés par le cabinet Astrup Tellechea Avocats (Marie Tellechea et Maxence Boucher).
Par Agathe Caquineau