En redressement judiciaire depuis le 1er juillet 2020, la célèbre épicerie fine de la place de la Madeleine Fauchon accélère sa restructuration. Par jugement du 16 septembre 2020, le Tribunal de commerce de Bobigny a ainsi arrêté le plan de redressement par voie de continuation de la société.
Née en 1886, le groupe Fauchon dont l’enseigne emblématique trône place de la Madeleine à Paris depuis 134 ans, est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits d’épicerie fine et de traiteur. Désormais présente dans le monde entier, la marque employait avant le début de la crise sanitaire un total de 122 salariés et exploitait 73 boutiques, points de vente et restaurants – dont 30 au Japon, 3 en Corée, 6 en Europe, 2 au Chili, 15 au Moyen-Orient et, en France, un total de 20 magasins (17 en franchise et 3 boutiques détenues en propre).
Frappée de plein fouet par la crise sanitaire et les mouvements sociaux des derniers mois, le chiffre d’affaires de la société Fauchon SAS, a été durement impacté et a contraint l’enseigne à déclarer son état de cessation des paiements auprès du Tribunal de commerce de Bobigny.
Par jugement du 1er juillet 2020, le Tribunal de commerce de Bobigny a prononcé l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire assortie d’une période d’observation de 6 mois au profit de la société Fauchon et a désigné les études AJRS (Philippe Jeannerot) en qualité d’administrateur judiciaire et MJA (Axel Chuine) en qualité de mandataire judiciaire.
Axé sur un changement de modèle économique, le redressement judiciaire s’est déroulé en deux volets :
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La recherche d’un plan de cession partielle des deux boutiques de la Place de la Madeleine, lourdement déficitaires. A la date limite de dépôt des offres, une seule de cession partielle a été déposée. Cette offre ne répondant pas au cahier des charges établi dans le cadre de l’appel d’offre, n’a finalement pas été examinée ;
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Un plan de redressement concomitant, établi sur la base d’un passif de l’ordre de 15,5 millions d’euros (auquel il faut retrancher la créance en compte-courant d’un montant de 10,1 millions d’euros) soit un passif tiers à désintéresser de l’ordre de 5,4 millions d’euros et supposait une restructuration sociale portant sur la suppression de 77 postes devant le cas échéant être autorisée par le Tribunal dans le jugement arrêtant le plan.
Une proposition d’apurement du passif en huit annuités a été acceptée par la majorité des créanciers.
Afin de garantir la bonne réussite du plan de continuation, l’actionnaire Eucelia, par l’intermédiaire de la société mère Groupe Fauchon, qui avait déjà financé la période d’observation à hauteur de 2,55 millions, a confirmé son engagement de soutenir le plan à hauteur de 2,5 millions d’euros, sous condition de l’octroi du Prêt Garanti par l’Etat (PGE) de 3 millions d’euros sollicité par la société. Le PGE n’ayant finalement été obtenu qu’à hauteur de 2,65 millions d’euros, Eucelia a en outre versé ce complément de 350.000 euros.
Par jugement du 16 septembre 2020, le Tribunal de commerce de Bobigny a finalement arrêté ce plan de « redressement judiciaire accéléré ».
« Ce plan de redressement va permettre à l’enseigne Fauchon d’arrêter ses foyers de pertes par la fermeture de ses magasins déficitaires et de se concentrer sur le développement de l’activité de partenariat reposant sur un réseau de franchisés et de licences de marque » explique Frédéric Patureau, directeur général adjoint.
La société Fauchon a été accompagnée par les études AJRS (Philippe Jeannerot, Paul-Henri Audras et Christopher Marcelin) en qualité d’administrateur judiciaire et MJA (Axel Chuine, Lisa Julien et Liora Belhassen) en qualité de mandataire judiciaire.
La société et ses dirigeants ont été conseillés par les cabinets Archers (Fabrice Patrizio, Clément Phalippou et Grégoire Verchin) et Actance (Loïc Touranchet et Mathias Joste) sur les aspects juridiques et Deloitte (Sandrine Gril-Pratz et Cédric Joubert) sur les aspects financiers.
Par Pauline Vigneron