Pour les auteurs Crocker, Major & Steele (1998), la stigmatisation fait écho à « des attributs ou des caractéristiques, qui confèrent une identité sociale dévaluée dans un contexte particulier ». Singh (2015) la définit de son côté comme « une marque de disgrâce ou d’infamie, venant entacher la réputation de quelqu’un ».
Il est parfois considéré que la stigmatisation de l’entrepreneur post-faillite se caractérise par la réunion de trois conditions.
Tout d’abord, l’échec entrepreneurial est parfois perçu comme un comportement en dehors de la norme sociale (Cardon, 2011 ; Shepherd & Haynie, 2011 ; Simmons, 2014). Dans ce cas précis, les entrepreneurs post-faillites sont considérés comme des coupables et des individus incompétents (Efrat, 2006 ; Shepherd & Haynie, 2011 ; Sutton & Callahan, 1987).
Ensuite, Simmons (2014), présente une autre condition de la stigmatisation consistant en l’acceptation par l’entrepreneur post-faillite de son statut de victime, ce qui le conduira à s’isoler lui-même du groupe dominant et parfois s’interdire toute nouvelle aventure entrepreneuriale.
Enfin, toujours d’après Simmons, (2014), pour parler de stigmatisation, il faut que l’échec soit appréhendable à travers les institutions qui diffusent de l’information aux acteurs économiques. La cotation Banque de France du dirigeant de l’entreprise en difficulté en était une parfaite illustration.
Plusieurs études démontrent que la stigmatisation de l’entrepreneur est variable d’une culture nationale à une autre (Lee, 2007 ; Simmons, 2014 ; Singh, 2015). Les États-Unis sont considérés comme ouverts à l’échec entrepreneurial, en comparaison avec les pays européens et notamment la France. Cette acceptation de l’échec devient alors un élément facilitant l’accès au capital et la re-création d’une nouvelle entreprise par un entrepreneur post-faillite (Cardon, et al., 2011 ; Cope, 2011 ; Frankish, Roberts, Coad, Spearsz & Storey, 2012 ; Heinze, 2013 ; Singh, et al., 2015 ; Yamakawa, Peng & Deeds, 2015). Dans ce contexte, l’échec est appréhendé comme faisant partie du processus d’apprentissage de l’entrepreneur (Cave, et al., 2001) de sorte que l’entrepreneur post-faillite soit considéré davantage crédible (Yamakawa, 2015). Lee (2007) soulignera que l’acceptation de l’échec est le corollaire de l’acceptation du risque par une culture nationale.
A vrai dire, c’est précisément pour cette raison que nous avons lancé Mayday Mag. Nous sommes absolument convaincus que l’acceptation de l’échec est nécessaire pour faire éclore le succès et que, pour cette raison, face aux difficultés, il vaut mieux trop en dire que pas assez …
Par Cyprien de Girval
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