En 1782, la banqueroute des Rohan-Guémené est une des faillites les plus retentissante du 18ème siècle. Henri-Louis-Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéméné, et son épouse Victoire Armande Josèphe de Rohan, avaient accumulé un passif de 33 millions de livres. Madame de Rohan-Guéméné fut notamment condamnée à abandonner la charge de gouvernante des Enfants de France à la cour de France.
Cette célèbre banqueroute serait le résultat du train de vie dispendieux de l’illustre famille de Rohan. Melchior Grimm et Denis Diderot, dans les Mémoires historiques, littéraires et anecdotiques, ont ainsi pu écrire : « Tout le monde sait que la maison de Rohan a prétendu depuis longtemps au titre de maison souveraine. On parlait devant madame la duchesse de Grammont de la banqueroute effroyable de M. le prince de Guemené, banqueroute qui paraît surpasser en effet et l’audace et les ressources des plus riches et des plus illustres particuliers de l’Europe. « Il faut espérer », dit madame de Grammont, « que c’est là du moins la dernière prétention de la maison de Rohan à la souveraineté. »
Paradoxalement, le prince de Guémené, chef de la maison de Rohan qui n’avait pas moins de deux millions de rente, vivait dans un milieu où la considération pour les personnes du monde dépendait plus de leur noblesse que de leur fortune.
Les rentes échues furent payées par les autres membres de la famille Rohan, par le prince de Condé, et surtout la princesse de Guémené dont la fortune était considérable. Cependant, de nombreux prêteurs furent ruinés. Monsieur de Rohan a notamment ruiné des domestiques, des petits marchands, des portiers, qui portaient leurs épargnes au prince …
La révolution française n’arrangea pas la situation de la famille de Rohan.
La prince de Rohan vivait avec son épouse dans le célèbre Hôtel particulier de Rohan-Guémené. Or, pour rembourser les créanciers, l’hôtel fut mis en vente en 1784 et acquis par Jean-Jacques Desmary, un spéculateur immobilier qui entreprit de lourds travaux et partagea l’hôtel en trois parcelles qu’il mit en location. A partir de 1832 l’hôtel accueillit son plus célèbre occupant, Victor Hugo.
La famille de Rohan fut également contrainte de délaisser leur demeure seigneuriale livrée souvent aux pillages. Paul le Bourlais, dans son livre « Guémené-sur-Scorff – Pays des Pourleths » nous décrit l’histoire du château :
De ce monument, il ne reste presque plus rien …
Par Cyprien de Girval