Mayday a échangé avec Alexandre Rivallain, dirigeant de la société Gramm’s, artisan confiseur et leader français du pop-corn haut de gamme. L’occasion de l’interroger sur son activité et sur l’impact de la crise sanitaire sur celle-ci. Fondée en 2014 par deux frères cette start up de la food tech, installée en Bourgogne, distribue ses produits dans toute l’Europe et jusqu’au Japon. Le confiseur s’appuie sur un réseau d’hôtels de Luxe, épiceries fines, Grands Magasins et marketplaces de la Food-tech.
Le Tribunal de commerce d’Auxerre a ouvert une procédure de redressement judiciaire au bénéfice de la société Gramm’s le 9 novembre 2020, et a désigné l’étude BCM (Jean-Baptiste Albertini) en qualité d’administrateur judiciaire. A l’ouverture de la procédure, la société employait 4 salariés. En 2019, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 368.239 €.
Mayday : Maison Gramm’s a été créée en 2014. Pourriez-vous revenir sur la genèse du projet ?
Alexandre Rivallain : Lorsque nous avons démarré en 2014, nous étions partis sur l’idée que nous allions construire une structure dédiée à la production. Nous ne voulions pas distribuer par nous-même, mais nous consacrer à la production et au développement de notre marque. Nous avons immédiatement identifié nos réseaux de distribution comme devant être les épiceries fines, les Hôtels de luxe et les distributeurs de produits premium.
En 2014, lorsque nous nous sommes lancés, nous ne connaissions pas du tout ce secteur d’activité. Nous avons consacré beaucoup de temps à la création des recettes et à notre premier laboratoire de production. Puisque nous étions novices sur ce secteur d’activité, l’idée était de se lancer avec un minimum de coûts fixes.
Les premiers produits ont été lancés en 2014. Le succès a été immédiat auprès du consommateur, mais le packaging (sachets transparents) limitait la durée de vie des produits à quelques semaines. Nous n’avons alors, pas réellement pu nous faire distribuer.
En 2015, grâce à une aide de la région, nous avons changé notre packaging, ce qui nous permis d’avoir une DLUO longue et de monter en gamme. Cette fois l’aventure a réellement commencée.
Par la suite, nous avons investi dans un nouveau laboratoire, afin d’augmenter notre capacité de production, et dans la création d’une section marchande de notre site internet.
Mayday : Vous êtes actuellement en redressement judiciaire, quels sont les facteurs qui vous ont amené à solliciter la protection du tribunal ?
AR : La crise du Covid en est la principale raison. Notre chiffre d’affaires prévisionnel 2020 était de 450.000 €, avec un point mort à 400.000 €. Avec la crise, l’essentiel de nos réseaux de distribution ont été, et sont pour certains encore, fermés.
Par ailleurs, nos investissements dans notre outil de production a été financé par un crédit de la BPI que nous devons commencer aujourd’hui à rembourser.
La crise du Covid et ses conséquences sur notre secteur d’activité ont donc eu pour effet de stopper les développements prévus (force commerciale, poursuite de l’amélioration des produits, packaging éco-responsable, transition vers le bio) et l’assèchement de la trésorerie ne permet pas de faire face au « mur de la dette ».
Mayday : Avez-vous pu bénéficier d’aides d’État ?
AR : Nous avons bénéficié d’un important crédit de la BPI qui ne nous a pas permis d’être éligible à un PGE. Nous avons heureusement bénéficié des aides de base, tel que le chômage partiel. Cependant, notre outil de production génère des charges mensuelles incompressibles importantes.
Mayday : Dans l’appel d’un adossement, cherchez-vous uniquement une remise de fonds propres dans le projet ou cherchez-vous, en plus, un appui stratégique et sectoriel ?
AR : Ce qui m’intéresse, c’est que la marque et le projet survivent. Ainsi, tout est possible !
Cela peut passer par l’entrée d’un investisseur qui nous redonne le coup de fouet nécessaire pour dépasser cette crise et continuer sur notre lancée. Mais cela peut également venir de quelqu’un qui est, ou qui cherche, à s’implanter dans notre secteur d’activité et qui pourrait prendre le contrôle de l’entreprise. Il faudra cependant qu’il ait une expertise commerciale forte, car c’est ce qui manque actuellement dans l’entreprise. Enfin, cela peut se concrétiser par un rachat complet de Gramm’s.
Par Agathe Caquineau