Patrick Puy et Pascal Lebard, deux professionnels reconnus du monde du restructuring, fondent Equerre Capital Partners, un fonds de retournement taillé pour le midcap, afin de faire face au « choc massif de faillites ». Agréé dans quelques jours par l’AMF, les deux associés peuvent compter sur environ 150 M€ de sponsors pour leur premier tour de table, et ne comptent pas en rester là.
Mayday : La liste des entreprises que vous avez retournées est longue. Pourquoi vouloir changer d’activité après 20 ans de management de crise ?
Patrick Puy : Ce fut un cheminement assez naturel après 20 ans de management de crise. Le marché français manque d’un acteur qui investisse sur du mid-market et accompagne les cibles sur du retournement et du redéploiement. Nous faisons le constat que le marché du large cap est dominé par les fonds anglo-saxons et est très concurrentiel, que certaines holdings françaises interviennent sur du small cap. Il y a une place à prendre entre ces deux catégories d’acteurs.
Pascal Lebard, ancien patron de Sequana, m’accompagne dans ce projet.
Mayday : Le marché français est composé de plusieurs holdings de retournement. De votre côté comment serez-vous structurés au plan juridique et quelles seront vos cibles ?
PP : Nous avons un fonds qui sera homologué par l’AMF dans quelques jours. Nous n’avons pas fait le choix de la holding, souhaitant pouvoir intervenir plus rapidement sur les deals et considérant que cette organisation est plus agile, plus efficace et plus puissante. Nous disposerons pour commencer d’environ 150 M€ et pensons doubler ce montant rapidement. Nous souhaitons faire une à deux opérations par an, pour des tickets d’investissement majoritaire compris entre 30 m€ et 60 m€, financement du BFR et des CAPEX inclus.
Mayday : Qu’allez-vous regarder comme typologie d’opérations ?
PP : Ce qui nous intéresse est la capacité de re déploiement, donc nous pouvons aller chercher des cibles à la barre du tribunal dans lesquelles il faudra financer du BFR. Nous pourrons également viser des cibles qui ne sont pas trop abîmées et que l’on peut acquérir en carve out dans le cadre de procédures amiables. Nous cherchons véritablement à faire du re déploiement, plus que du seul retournement.
Mayday : Dans quelle mesure votre casquette d’ancien manager de crise sera-t-elle mise à profit ?
PP : Quand on fait du retournement on prend les commandes, ce qui, avec Pascal Lebard, nous convient très bien ! Ensuite, nous chercherons un manager pour la phase de re déploiement, mais nous souhaitons nous-mêmes traiter la phase de retournement. C’est une spécificité, nous considérons qu’il y a peu de fonds qui peuvent restructurer eux-mêmes.
Mayday : D’où vient le nom de Equerre Capital Partners ?
De remettre d’équerre les entreprises ! C’est un véhicule qui n’existe pas en France, agile et puissant géré par deux opérationnels du retournement.
Propos recueillis par Lucile Guillerault