Lisa Ducani, avocate chez Racine depuis 10 ans, vient d’être promue associée au sein de l’équipe restructuring du cabinet parisien. Par ailleurs présidente de l’AJR et membre active des WiR, Lisa Ducani qui est intervenue ces dernières années sur des dossiers de place tels que FagorBrandt, McDonald’s, FRAM, Cauval, Presstalis Geoxia, Keyor ou encore ABM Pharma, se livre à cette occasion à Mayday.
Mayday : Vous venez d’être cooptée associée chez Racine, un cabinet au sein duquel vous exercez la profession d’avocat depuis 10 ans. Contrairement à un marché en plein mouvement, votre parcours se distingue par votre stabilité et votre fidélité à votre équipe. Pourriez-vous nous partager la recette ?
Lisa Ducani : La recette est simple : j’ai eu le privilège d’être formée par des professionnels reconnus en restructuring, de travailler sur des dossiers emblématiques de place, et surtout, de faire partie d’une équipe exceptionnelle. Nous avons par ailleurs chez Racine une synergie rare entre les différents départements avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration (notamment social, financement, m&a, concurrence, etc…), ce qui nous permet de combiner expertises pointues et vision globale pour offrir le meilleur à nos clients. Mais au-delà des compétences, il y a l’aspect humain : une équipe bienveillante qui ne transige pas sur l’excellence. On bosse dur, on gère des situations complexes et stressantes, mais on sait aussi rire et savourer les victoires ensemble. Pour moi, c’est une vraie recette gagnante.
Mayday : Le métier d’avocat peut se vivre de mille manières différentes. Comment définiriez-vous la façon dont vous vivez cette profession ?
Lisa Ducani : Je vis cette profession en « mode meute », avec l’esprit collectif chevillé au corps. J’ai toujours cru en la force du collectif, et c’est ce qui me motive chaque jour. Travailler en équipe crée une émulation positive qui pousse à donner le meilleur de soi-même. Les idées fusent, les stratégies se construisent à plusieurs, et c’est cette dynamique qui rend notre métier si passionnant. Je n’aurais pas envisagé d’exercer seule. L’effervescence de l’équipe, la solidarité dans les moments de tension, les victoires partagées : tout cela me porte et me permet de me dépasser.
Mayday : En 10 ans aux côtés de Laurent Jourdan quels sont les dossiers qui vous ont le plus marquée ?
Lisa Ducani : Difficile de choisir, mais certains dossiers restent gravés dans ma mémoire :
- PRESSTALIS : un marathon de plus de trois ans pour assurer la poursuite de la distribution de la presse en France. Ce dossier mélangeait enjeux d’intérêt général, enjeux stratégiques et valeurs profondes. Participer à cette aventure était autant un honneur qu’un défi.
- Les reprises de FRAM par LBO France, de Brandt par Cévital ou encore de Cauval par Perceva : trois reprises qui incarnent tout ce que j’aime dans les plans de cession. Il y a une adrénaline unique dans ces moments. Je pense aux DLDO fixées à minuit, l’équipe sur le pont derrière les écrans à 23h58… c’est intense et excitant. Et j’avoue avoir une certaine fibre compétitive : j’aime évidemment voir nos clients remporter le deal mais j’aime également leur permettre de trouver la bonne approche, la solution qui marche.
Mayday : Comment percevez-vous le marché du retournement et quelles sont selon vous les tendances qui marqueront l’année 2025 ?
Lisa Ducani : Le marché du retournement reste en évolution constante. Nous nous attendons à une intensification des procédures collectives et des plans sociaux (même en dehors de nos procédures). Ces défaillances touchent tous les secteurs et notamment la santé, l’automobile et la construction/promotion immobilière (ce dernier étant qualifié de secteur en « sur difficulté par la BPCE). On constate également une accélération des défaillances touchant des entreprises de tailles plus importantes (ETI/PME). Cette tendance va se poursuivre en 2025. Deux autres tendances pourraient également se dégager :
- Rôle croissant des procédures collectives préparées en amont : l’anticipation est une composante essentielle dans la gestion des entreprises en difficulté. Dans un contexte d’accumulation des dettes et de tensions accrues sur la trésorerie, entrer dans une procédure collective de manière précipitée ou trop tardivement (avec des procédures amiables parfois trop longues et consommatrices de liquidité sur la période) conduit souvent à des procédures collectives expéditives et non optimisées (voire des liquidations sèches), avec des impacts sociaux et économiques importants. Pour éviter ces scénarii, la préparation en amont prend une place prépondérante.
- Tension sur les financements : Dans un contexte économique tendu, marqué par des taux d’intérêt élevés (notamment lors de la renégociation des PGE) et des exigences accrues des prêteurs, le financement des restructurations devient un véritable défi. La recherche de financements, auprès d’établissements bancaires ou d’investisseurs, se complique, tandis que les offres en fonds de retournement se raréfient et que les partenaires industriels se désengagent. Ces facteurs limitent considérablement les perspectives de redressement pour de nombreuses entreprises. Ce manque de financements et de partenaires engendre un cercle vicieux. Les entreprises sont contraintes de retarder les décisions stratégiques, espérant un redressement organique qui n’interviendra pas. Dans le même temps, les tensions de trésorerie s’aggravent, ce qui pousse fréquemment ces sociétés vers des solutions extrêmes, faute de marge de manœuvre, telles que des liquidations sèches ou des cessions d’actifs à des conditions défavorables.
2025 s’annonce donc comme une année de challenge. Les professionnels du restructuring, dont le rôle est clé dans l’accompagnement des entreprises en difficulté, devront se montrer agiles et innovants. Chez Racine nous sommes prêts.
Propos recueillis par Cyprien de Girval
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