Mayday a rencontré Amandine Rominskyj et Antoine Poulain, qui viennent d’être cooptés associés du cabinet éponyme, fondé en 1987 par Jean-Paul Poulain. Reconnu pour sa ténacité et sa créativité, Jean-Paul Poulain est une figure historique du marché du restructuring français. Il s’est illustré sur de nombreux dossiers d’envergures (Rodriguez, Arche, Loret, Majencia ou encore Continentale Nutrition), souvent dans des contextes tendus et avec une compréhension très fine des enjeux économiques et financiers. En faisant monter Amandine Rominskyj, et Antoine Poulain, tous deux Avocats Of Counsel au rang d’associés, il souhaite initier une phase de transmission et mettre en avant un duo prometteur.
Mayday : Vous travaillez au sein du cabinet Poulain & Associés tous les deux depuis plusieurs années. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’implique pour vous et le cabinet cette cooptation en tant qu’associés ?
Amandine Rominskyj : Sous l’impulsion de Jean-Paul Poulain, le cabinet a développé une clientèle de débiteurs mid cap à très forts enjeux, nécessitant une implication transversale sur les aspects restructuring, corporate et contentieux. A travers notre cooptation au rang d’associés, nous souhaitons tout à la fois continuer de développer cette clientèle historique et initier une démarche plus entrepreneuriale vers de nouveaux marchés en nous appuyant sur la structure et l’expertise du Cabinet.
Dans le contexte du Brexit et de l’harmonisation européenne des droits de l’insolvabilité, nous souhaitons prendre toute notre place dans les opérations de restructuration financière. Travaillant à la fois en anglais et en japonais, nous avons une réelle appétence pour les dossiers internationaux dans la gestion des procédures préventives et collectives, ainsi que dans les opérations de reprise.
Antoine Poulain : En parallèle, nous souhaitons développer une clientèle d’entrepreneurs et de starts up qui traversent des zones de turbulences. Nous croyons qu’il y a beaucoup de valeur perdue dans les starts up qui parfois tombent à la suite d’une crise de croissance, alors que l’on peut utilement les accompagner avec notre boite à outils juridique. Également, nombre d’entre elles pourraient faire l’objet d’une reprise à la barre ou d’un rachat d’actifs en vue du redéploiement d’une technologie dans une autre structure. Il ne faut pas perdre de vue qu’elles ont souvent investi beaucoup d’argent en R&D et dispose parfois d’une technologie, de brevets, qui peuvent revêtir un potentiel important et stratégique. Il y a un encore un chantier pédagogique à mener sur ce terrain-là.
Mayday : Comment vous distinguez vous des cabinets internationaux qui interviennent de plus en plus en restructuring ? Qu’est-ce qui fonde votre valeur ajoutée et votre ADN ?
AR : Nous avons plus de souplesse dans notre intervention, ce qui nous rend capable d’être présents sur des dossiers de toute taille. Notre force est également de bénéficier d’une vision transversale de nos dossiers et de pouvoir accompagner les entreprises en difficulté de manière très opérationnelle dans leur restructuration. On se retrousse les manches et ont met « les mains dans le cambouis ».
AP : Nous avons aussi une compréhension fine du chiffre et des business model, de sorte que l’on peut intégrer les problématiques de business dans nos préconisations juridiques. On met le droit au service de la conduite des affaires de nos clients.
Mayday : De nombreux observateurs anticipent une année 2019 chargée. Comment la percevez-vous ?
AR : En effet, nous nous attendons à une année chargée. L’année 2019 devrait être impactée par le Brexit qui renforce l’attractivité de la France, même s’il faut reconnaitre que son impact a été réduit par l’effet « Gilets Jaunes ».
AP : L’impact des Gilets Jaunes notamment accélère et accroit les difficultés d’acteurs déjà en souffrance, nous pensons plus spécifiquement au retail. Il faut être réactif pour apporter des solutions opérationnelles dans des délais toujours plus courts.
Mayday : Vous avez développé une expertise particulière sur les grands projets en Afrique. Comptez-vous continuer de développer cette activité dans la durée ?
AP : Le continent africain se trouve actuellement dans une phase économique dynamique et en croissance. Cela entraîne inévitablement une évolution du cadre juridique et fiscal, afin de permettre de structurer des outils adaptés, de sécuriser leurs ressources et de renforcer l’attractivité du continent pour les investisseurs. Nous souhaitons continuer de nous investir aux côtés d’Etats Africains et établissements financiers pour les accompagner dans leurs projets miniers, énergétiques et d’infrastructures.
Propos recueillis par Cyprien de Girval