Après six mois de période d’observation et d’épreuves traversées pour la manufacture de lingerie-corseterie Indiscrète, le Tribunal de commerce de Poitiers a validé, mardi 15 janvier 2019, le plan de continuation porté par les co-gérantes Béatrice Mongella et Christelle Bois entourées de l’investisseur Michel Gouzon. Un immense soulagement pour les 21 salariés de l’entreprise et le début d’une nouvelle aventure ! Un véritable retournement de situation pour Indiscrète, qui perdait son dirigeant début août et qui envisageait alors une liquidation judiciaire.
A l’annonce de la nouvelle, l’émotion était au rendez-vous dans l’atelier de la manufacture, où toute l’équipe fêtait cette belle nouvelle qui va donner les moyens à Indiscrète de se réorganiser pour rebondir. Un retournement qui n’était pas gagné d’avance ! En effet, comme le rappelle Serge Préville, administrateur judiciaire de l’entreprise poitevine « quand les dirigeants se sont présentés en juillet, ils demandaient la liquidation judiciaire. Il n’y avait pas assez de commandes, pas un euro en caisse et les salaires ne pouvaient pas être payés. Le tribunal a ouvert une procédure de redressement judiciaire pour voir s’il y avait possibilité de faire quelque chose à travers une cession. Et finalement, en moins de 6 mois, une entreprise vouée à la liquidation sort en plan de continuation, avec un nouvel actionnaire et de l’argent ! C’est un bel exercice ! »
La situation de la manufacture et la disparition tragique de son dirigeant début août, ont créé un élan de mobilisation sur l’ensemble du territoire et dans les réseaux de soutien du Made in France, jusqu’à Arnaud Montebourg, dans l’espoir de sauver le savoir-faire français et ses emplois.
Les initiatives ont été nombreuses (cagnottes, ventes éphémères…), jusqu’à la mise en place d’une vente participative avec une collection dédiée au soutien de l’entreprise, qui a permis, comme le précise Serge Préville, « de créer un canal donnant à tous ceux qui voulaient aider la possibilité de le faire en achetant directement sur le site internet d’Indiscrète ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes, « fin juillet, les ventes en ligne représentaient moins de 5% de leur chiffre d’affaires. En Septembre, on est passé à plus de 60% de ventes en ligne, pour un chiffre d’affaires global multiplié par six sur la période de la vente participative ».
Une mobilisation qui a eu un impact financier et qui a créé un véritable électrochoc en interne avec « des salariées très mobilisées, une véritable cohésion d’équipe. Tout l’été, les couturières n’ont pas hésité une seconde à faire des heures supplémentaires, avec une vraie envie d’en découdre ! » conclue Serge Préville.
Dès lors, il restait plus qu’à obtenir la validation du plan de continuation pour lancer la transformation. En effet, c’est la prochaine étape pour Indiscrète dont le combat ne fait que commencer, maintenant entourée d’un nouveau Président, bénévole, qui a été séduit par le professionnalisme et le savoir-faire Made in France de l’entreprise Chauvinoise, jusqu’à vouloir lui apporter son soutien, son temps et son expérience.
Michel Gouzon, entrepreneur dans le secteur de l’événementiel, la communication et l’immobilier, apportera la somme de 350 000 euros, complétée par une avance bancaire de 230 000 euros, pour un total de 580 000 euros qui va permettre d’amorcer la transformation de la manufacture. Béatrice Mongella et Christelle Bois ont pour projet, dès ces prochains jours, d’améliorer leur visibilité avec un nouveau plan de communication, la refonte de leur site internet et la création de nouveaux packagings. Elles prévoient également la création de nouvelles collections, dont le lancement d’une ligne dédiée aux hommes, pour élargir leur offre.
Sur la partie commerciale, elles ont pour objectif de renforcer le maillage territorial de leur réseau de vendeuses à domicile et d’ouvrir leur première boutique en Septembre 2019 !
Cette transformation doit également se traduire par une réorganisation interne, essentiellement portée sur la mise en place des méthodes permettant un meilleur contrôle des dépenses et la réduction des délais de fabrication qui sont actuellement de sept semaines. Pour répondre à cet objectif, l’investissement dans une machine à coupe devrait permettre d’améliorer la productivité tout en repositionnant les salariées concernées sur d’autres tâches.
Par Bastien de Breuvand