Après validation par le Tribunal de Grande Instance de Strasbourg de la reprise par le groupe Liberty Steel des sites sidérurgiques d’Hayange et d’Ascoval, c’est au tour de Bercy de donner son aval et d’autoriser officiellement la cession des deux sites industriels au profit du géant de l’acier britannique. L’ambitieux projet industriel de Liberty Steel : devenir le leader européen de l’acier en matière de production d’acier vert (« Green Steel ») à destination de l’industrie ferroviaire.
Créée en 1975, Ascoval est une aciérie spécialisée dans la production d’aciers spéciaux. Avec ses 270 employés, la société produit près de 600 000 tonnes de blooms d’acier, billettes et autres produits forgés par an à partir de ferraille recyclée à destination des marchés de l’énergie et de la mécanique. L’usine d’Hayange en Lorraine fabrique quant à elle une large gamme de rails en acier pour des clients Européens, notamment SNCF Réseau et RATP. Employant 430 salariés, le site produit 300.000 tonnes de rails par an.
Cette opération de reprise est l’épilogue d’un long feuilleton. En 2018, les deux sites avaient d’abord trouvé un repreneur en la personne du franco-belge Altifort. Cette opération a cependant été avortée, faute de fonds suffisants. L’anglais British Steel s’est ensuite intéressé au dossier avant de faire à son tour faillite quelques mois plus tard.
Dans le cadre d’un nouvel appel d’offre, plusieurs candidats ont manifesté leur intérêt pour la reprise des deux sites au côté de Liberty Steel : le chinois Jingye, repreneur de la société British Steel et le groupe ArcelorMittal.
C’est finalement pour l’offre du britanique Liberty Steel, jugée plus à même de maintenir l’activité et de préserver les emplois, que le Tribunal de Grande Instance, à pencher par jugement du 23 juillet 2020. Restait donc à obtenir l’aval de Bercy sur ce projet.
C’est désormais chose faite : après des années d’incertitudes et de difficultés financières, le ministère de l’économie (Bruno Lemaire et Agnès Pannier-Runacher) a validé le vendredi 14 août, la reprise du site industriels d’Ascoval et de l’usine de rails d’Hayange (Moselle) au profit de l’entreprise britannique Liberty Steel appartenant au groupe GFG Alliance, leader des secteurs de l’acier (Liberty Steel Group), de l’aluminium (Alvance Aluminium Group) et de l’énergie (Simec Energy Group), employant près de 35.000 personnes et réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 20 milliards USD.
La reprise de ces sites industriels par le géant britannique de l’acier permettra de préserver près de 700 emplois. Liberty Steel voit l’usine de Hayange et le site d’Ascoval comme des maillons essentiels de la chaîne de production de son acier vert et entend par ce biais devenir le leader européen de l’acier recyclé, grâce à l’utilisation de fours électriques et au recyclage des ferrailles et rails. Le site d’Ascoval produira ainsi de l’acier recyclé de qualité, et celui d’Hayange le transformera en rails. Le groupe GFG ne cache en effet pas son ambition d’être neutre en carbone d’ici 2030. Comme le précise Bercy, « l’opération a vocation à sécuriser les approvisionnements en matière première du site hayangeois, qui dépendait jusqu’à présent principalement d’un site situé hors Union Européenne ».
Dans le cadre de cette reprise, Liberty Steel s’est engagé à apporter 65 millions d’euros de financements nouveaux pour permettre aux deux sociétés de mettre en œuvre leur plan industriel et de développer une compétitivité durable.
Liberty Steel Group a été conseillé par le cabinet Paul Hastings (Guilhem Bremond).
VP Strat (Véronique Pernin) était chargé de la communication autour de l’opération.
Par Pauline Vigneron