Ce matin, Mayday co-organisait avec les cabinets Advancy et Weil Gotshal & Manges son premier petit déjeuner de l’année sur le thème du distressed … et du stress M&A en 2025. Un événement marqué par des échanges animés et riches en enseignements, modérés par Lisa Ducani, présidente de l’AJR, et mettant en lumière les dynamiques actuelles du secteur.
RDV fut donné tôt ce matin rue Washington dans les locaux d’Advancy. Eric de Bettignies, Laurence-Anne Parent, Jean-Dominique Daudier de Cassini, Céline Domenget-Morin, Emmanuel Civeyrac et Jean-François Cizain sont tour à tour revenus sur les transactions marquantes de ces derniers mois.
« Le marché du M&A reprend très fort ! », commence Eric de Bettignies. Concernant le stress et le distressed, il faut raisonner de manière sectorielle : chimie, retail, santé, technologie sont des secteurs à surveiller au contraire du tourisme (avec l’exemple phare de Pierre & Vacances) ou de la construction dont le grands acteurs ne se portent pas si mal. « Les marchés sont très tranchants : dans chacun, nous avons des gagnants et des perdants, ce qui est assez nouveau » avertit Laurence-Anne Parent.
Les réformes récentes du droit des entreprises en difficulté ont été au cœur des débats, avec un accent particulier sur leur impact direct sur le distressed M&A : « Nous avons sans doute l’un de plus beaux systèmes d’Europe, voire d’ailleurs », souligne Jean-Dominique Daudier de Cassini qui vante les mérites d’une réforme qui, si elle a introduit une forme de violence dans les échanges, force les parties à négocier. Elle introduit par ailleurs un effet pervers : il n’y a plus de nouveaux financements court terme sans garantie.
Alors que le distressed M&A se résumait autrefois au plan de cession, aujourd’hui, grâce aux classes de parties affectées, « on ne dépend plus de l’accord des actionnaires, comme nous avons pu le voir dans certains dossiers. Désormais, avec l’application forcée interclasses, le verrou saute, les actionnaires n’ont plus leur droit de véto », explique Céline Domenget-Morin.
Jean-François Cizain tempère cependant la puissance de cet outil en soulevant une faiblesse de cette nouvelle loi qui accentue les tensions entre créanciers. Observant unanimement des business plan plus prudents que par le passé, Eric de Bettignies fait remarquer que « l’application du principe de prudence convient bien à l’ensemble des parties, à l’exception sans doute des créanciers». Et pour cause « méfiez-vous des victoires à la Pyrrhus ! » confirme Jean-François Cizain sur ce sujet.
Lors de ce petit déjeuner, une autre dimension essentielle a été abordée : la compétition entre fonds de dettes et industriels. Quels équilibres peuvent se dessiner dans ce contexte concurrentiel ? La structure financière de la cible oriente-t-elle la typologie d’acteurs susceptibles d’intervenir dans les dossiers ?
Historiquement, avant la réforme, les fonds dominaient en entrant dans les dossiers par la dette. « Ces derniers avaient alors un avantage concurrentiel par rapport aux industriels », précise Emmanuel Civeyrac. Mais les récents dossiers montrent que l’entrée par la dette n’est plus systématique. Les industriels ont toute leur place puisqu’ils sont capables de protéger les financements d’exploitation en amenant les banques avec eux. L’enjeu est important, car « pour avoir une solution de pérennité, il faut un actionnaire de référence qui puisse la porter » souligne Céline Domenget-Morin.
Toutefois, ces industriels restent prudents et préfèrent encore racheter à la barre. « Un industriel a déjà ses propres problèmes et ne peut acheter ceux des autres », justifie Jean-François Cizain. Cependant, le fait qu’un plan avec classes de parties affectées puisse présenter des effets similaires à un plan de cession devrait les convaincre de venir davantage. Et si, au lieu de s’opposer au travers d’un match, les fonds et les industriels n’avaient finalement pas vocation à intervenir davantage de concert ? Certains dossiers ont montré la pertinence de ce modèle…
Par Agathe Caquineau