Echanges passionnants le 25 avril dernier chez Clifford Chance lors d’un petit déjeuner organisé par Mayday sur « la gestion de crise en start up » qui réunissait une partie des acteurs des récentes restructurations de Luko, Masteos et Carlili ! Trois start-ups pour trois aventures et milles histoires … et un choc des cultures entre le monde de l’hyper croissance et celui des tribunaux de commerce ! Retour sur un évènement marquant.
Chacun avec ses mots, mais tous avec beaucoup de passion et de sincérité, les fondateurs de Luko, Masteos et Carlili sont revenus au cours de cette matinée sur leur folle aventure et la gestion de la tempête qu’ils ont traversée.
A leurs côtés une partie de leurs conseils et certains des administrateurs judiciaires mandatés dans ces dossiers nous ont également partagé leur ressenti de ces périodes et les particularités de la gestion de la crise pour une startup.
Ce qui marque en premier lieu est que la gestion de crise d’une startup est une rencontre entre un monde de miracles renouvelés à chaque levée de fonds et la violence parfois perçue devant les tribunaux de commerce. En effet, en quelques mois voire quelques semaines, la quête de croissance qui a guidé ces startups depuis leur création au gré de levées de fonds souvent spectaculaires doit faire place à une gestion accrue du cash et à la protection de l’intérêt général.
La croissance coûte cher et c’est là toute la complexité : des entreprises créées sur un modèle où dans les premières années la croissance soutenue par les investisseurs prime sur la rentabilité se retrouvent face à un dispositif législatif et des tribunaux qui placent la trésorerie au cœur de leurs règles. La notion du temps et du calendrier n’est pas du tout la même pour une startup que pour un tribunal.
Alors une fois le choc des premières audiences passé, souvent difficiles à vivre sur fond d’incompréhension entre deux mondes que tout semble opposer, il faut innover : trouver des solutions, très vite pour permettre une sortie de la procédure par le haut. Le rôle des conseils est clé à ce moment-là pour imaginer, construire, rassurer aussi et guider l’entrepreneur. Et des solutions, même si elles ne sont pas toujours celles souhaitées initialement, il y en a ! Nos trois invités en ont trouvé !
« C’est la Silicon Valley qui se retrouve au quai de Corse » résume Thierry Vignal !
Nous retiendrons aussi l’incroyable énergie et résilience de ces entrepreneurs qui mettent tout en œuvre pour faire aboutir ces solutions. Comme par exemple Raphaël Vullierme qui en deux semaines parvient à trouver un nouveau repreneur suite au départ du précédent alors que tout le monde pensait le dossier clos !
Malgré l’épreuve, aucun deux n’a perdu foi en l’entrepreneuriat ! Pour Vincent Moindrot l’aventure se poursuit d’ailleurs directement puisqu’il fait partie intégrante du projet de reprise, « qui n’aurait pas été possible sans lui » nous a indiqué Rent a Car ! Et pour les autres on comprend à demi-mot que la flamme ne les a pas quitté !
Ce que nous confient aussi les trois entrepreneurs à l’issue de cette matinée c’est que finalement accepter de créer son entreprise sous le modèle « startup » de l’hyper croissance, c’est accepter ce risque que malgré toute l’énergie consacrée, au gré d’une levée de fonds non finalisée, d’un marché affaibli, tout puisse en quelques semaines basculer et que l’on passe ainsi d’une entreprise valorisée plusieurs centaines de millions d’euros à une entreprise en crise ! Les montagnes russes de l’entrepreneuriat…
A nouveau un grand bravo et un infini merci aux intervenants qui ont rendu cette matinée particulièrement vivante et enrichissante :
Thierry Vignal, Delphine Caramalli, Soraya Ameline et Alexandra Bouton pour Masteos,
Raphaël Vullierme, Joanna Rousselet et Guillaume Vitrich pour Luko,
Vincent Moindrot et Denis Meyer, pour Carlili et Armelle Loste et Tomas Forin pour Rent a Car.
Par Gwenaëlle de Girval