l est en ce moment indispensable pour les entreprises d’avoir une vue générale sur certains aspects de l’économie française. Les mouvements logistiques sont d’excellents indices de son état et de son évolution. Comme chaque semaine, Advancy, en partenariat avec UPPLY, a entrepris de partager les indicateurs les plus pertinents à ce niveau. Cette météo des déplacements, mise à jour de façon hebdomadaire, permet de mieux s’organiser aujourd’hui et d’anticiper la reprise de l’activité en situation post-Covid. L’éclairage d’Eric de Bettignies, fondateur d’Advancy.
Tous les jours nos clients nous demandent, puisque nous sommes en prise avec des situations différentes via notre implantation internationale, si l’activité repart ailleurs, dans d’autres secteurs. En Chine par exemple, pays qui a quelques mois d’avance sur nous.
Nous n’avons pas de boule de cristal mais nous avons des modèles économiques qui permettent de bâtir des scénarios crédibles de reprise sans passer par toutes les lettres de l’alphabet entendues : U, V, W. (Personne heureusement ne parle de X ni de Y).
Pendant ces mois de crise pandémique qui pèsent lourd sur la santé des entreprises françaises, nous avons décidé de prendre le pouls économique du pays, sous l’angle de ses mouvements logistiques, tant sur le territoire qu’en provenance de l’étranger. La logistique est en effet un excellent baromètre d’activité et nous avons ainsi entrepris de partager une analyse des volumes de marchandises transportées.
La mise en oeuvre et la publication de ces chiffres, via des graphiques explicites, sont rendus possibles grâce à notre partenariat avec UPPLY. Cette plateforme est innovante dans son fonctionnement peer-to-peer.
Avec Boris Pernet, CEO de UPPLY et expert en supply-chain, nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que travailler ensemble et proposer chaque semaine la synthèse des résultats de sa plateforme pendant les mois de crise pouvait être une excellente chose. Ce forecast des prix offre une vision prospective vraiment intéressante.
Les regards sont rivés sur ces indices, dans le monde logistique comme dans d’autres mondes (industrie, transport évidemment, mais aussi distribution, finance et prévision). Pour toutes les sociétés et personnes concernées par cette problématique, c’est une façon efficace de jauger l’activité réelle et d’anticiper la reprise.
1- Les indices de logistique interne France (route) sont fondamentaux en ce qu’ils démontrent le volume réel de l’activité, avant les chiffres du PIB.
2- Le transport de l’Asie vers l’Europe par voie maritime donne une vision de ce qu’il se passera dans 3-4 semaines en activité réelle en Europe.
3- Enfin le trafic aérien offre le pouls le plus avancé de l’économie. Il est versatile et doit être lu comme tel. On a par exemple vu un pic juste après la fin du confinement chinois qui a pu faire penser : « ça y est, on est tous repartis ». Il s’agissait en fait d’un rattrapage de tous les retards des petits produits clé, à haute valeur et faible volume, qui n’a pas duré. Le forecast de prix à quatre semaines de ce type de transport, en normalisation après des sommets, montrait qu’il s’agissait en fait d’une petite bulle. Il fallait pouvoir décrypter cela et bravo à ceux qui l’on fait. On apprend aujourd’hui qu’en trois semaines le secteur de l’aviation commerciale a perdu les bénéfices de 15 ans de croissance.
Baromètre semaine 16 : l’activité route France repart déjà, le fret aérien en provenance d’Asie aussi. Le maritime mettra plus de temps essentiellement pour se réamorcer lui-même :
Résumé des analyses : l’activité route France repart déjà, le fret aérien en provenance d’Asie aussi. Le maritime mettra plus de temps essentiellement pour se réamorcer lui-même.
Routier France – Les volumes remontent. Le BTP par exemple est en bonne voie de reprise et le secteur manufacturing voit ses usines réouvrir les unes après les autres. L’activité totale reste en deçà du rythme de début d’année mais la tendance est bonne.
Transport Aérien – Les volumes repartent, même si encore relativement faibles à 60% du début d’année là encore. Néanmoins hausse nette par rapport la semaine dernière. Les besoins en matériel sanitaire peuvent représenter des volumes significatifs dans cette hausse (on enregistre par exemple plusieurs kilomètres de file d’attente de camions porteurs de masques à Shanghai !) mais n’expliquent pas tout dans ces volumes qui repartent. La pénurie de solutions maritimes (voir ci-dessous) renforce également le redémarrage de l’aérien. Certains opérateurs vont jusqu’à contourner des aéroports surchargés (Shanghai encore) en livrant leur matériel sur d’autres plateformes (Hong-Kong, Corée même après transit bateau) pour trouver des créneaux aériens disponibles
Transport Maritime – Les volumes de conteneurs à destination de l’Europe restent très faibles. Ces volumes bas sont la conséquence d’une chaîne désamorcée : les ports occidentaux en confinement peinent à décharger les bateaux présents qui ne repartent pas en Asie, et la remise en route de toutes les capacités par les compagnies maritimes tarde encore. En conséquence les prix du fret maritime restent élevés sur ce corridor. Nous constatons cette semaine encore une activité soutenue dans les ports asiatiques lié au redémarrage de l’économie chinoise.
Par Eric de Bettignies