Avec la propagation de l’épidémie du Covid-19, les entreprises risquent d’avoir de plus en plus de mal à se financer, alors que la dette des entreprises a explosé depuis la crise de 2008 et que leur chiffre d’affaires est affecté par le ralentissement de l’économie. Les indices de Credits Default Swap (CDS), qui servent de référence au marché du crédit pour se protéger contre le risque de défaut d’une entreprise ayant une dette obligataire, sont à leur plus haut niveau depuis l’été 2016.
Alors que l’endettement des entreprises n’a cessé d’augmenter depuis la crise financière de 2008, le coronavirus risque de les mettre en difficulté en coupant leur accès au financement par le marché. Le stock d’obligations émises par des sociétés non financières a « atteint un niveau record proche de 13.000 milliards de dollars à la fin de 2018 » soit « le double de leur encours en termes réels avant la crise financière de 2008« , relève l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport publié fin février.
Les entreprises chinoises, encore quasi-absentes sur le marché obligataire avant 2008, sont devenues le deuxième émetteur mondial avec 590 milliards de dollars émis en 2016. En ajoutant les emprunts contractés auprès des banques, « la dette des entreprises est à un plus haut historique de 94% du produit intérieur brut mondial, profitant de taux d’intérêt historiquement bas », rapporte le magazine Capital. Cet essor s’est accompagné d’une augmentation de la part de la dette des entreprises notée BBB, juste un cran au-dessus de celles qui sont considérées comme « très mauvaises ».
Avec le coronavirus, les investisseurs sont devenus particulièrement méfiants, exigeant des rendements souvent prohibitifs et des garanties importantes. Les indices (notamment l’Itraxx) de Credits Default Swap (CDS), qui servent de référence au marché du crédit pour se protéger contre le risque de défaut d’une entreprise ayant une dette obligataire, sont à leur plus haut niveau depuis l’été 2016.
Les acteurs du marché réclament que la Banque Centrale Européenne (BCE) élargisse son programme d’octroi de prêts aux PME dans le cadre de ses opérations de refinancement à long terme. Néanmoins, ce mécanisme ne fonctionnera que si les banques commerciales jouent elles-mêmes le jeu et acceptent la dégradation passagère de la qualité de leur portefeuille de crédits « dans la mesure où le virus va peser sur les voyages internationaux, la production industrielle, et ainsi limiter la demande intérieure en Europe », souligne l’agence de notation Moody’s.
Les différents secteurs de l’économie ne sont pas impactés de la même manière. En effet, si la production de biens durables peut espérer un rattrapage, les transports et le tourisme subissent des pertes sèches. Mais d’une manière générale, les entreprises très endettées sont soumises à une plus forte pression pour réduire leurs coûts.
Par Pauline Vigneron