Par jugement du 2 septembre 2020, le Tribunal de commerce de Paris a ordonné la cession des actifs et des activités de l’enseigne de distribution spécialisée Bio c’Bon au profit d’un des leaders mondiaux du commerce alimentaire, Carrefour.
Créé en 2008, l’enseigne Bio c’Bon est le troisième distributeur spécialisé en France en termes de parts de marché derrière Biocoop et Naturalia et le seul à s’être implanté à l’étranger avec près de 40 points de vente en Italie, Espagne, Suisse, Belgique et Japon. Le groupe emploie 1 500 salariés répartis au sein 158 magasins, dont 120 en France, et a généré un chiffre d’affaires de 150 millions en 2018.
En difficulté financière du fait des conséquences des mouvements sociaux de 2019 et de la concurrence accrue des grands magasins en matière de produits Bio, l’enseigne Bio c’Bon a dû faire face aux conséquences de la crise sanitaire et, au départ massif de la clientèle citadine vers la campagne au printemps 2020. Le distributeur spécialisé a été contraint de déclarer son état de cessation des paiements le 21 août 2020, auprès du Tribunal de commerce de Paris. Par jugement du 2 septembre 2020, le Tribunal a ouvert une procédure de redressement judiciaire au profit de l’enseigne et a désigné les études Abitbol & Rousselet et Thevenot Partners en qualité d’administrateurs judiciaires et les études MJA et Christophe Basse en qualité de mandataires judiciaires.
Après un processus d’appel d’offres particulièrement concurrentiel conduit sous la responsabilité des administrateurs judiciaires, une offre, celle de Naturalia, a été jugée irrecevable, et 3 candidats ont déposé leurs offres :
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Le groupe familial Zouari, actionnaire de référence de Picard, qui proposait un prix de cession de 10 millions d’euros, et la reprise des 120 magasins et de 100% des emplois ;
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La coopérative Biocoop (associée avec Marcel&Fils), qui proposait la reprise de 105 magasins et 100% des emplois dans une offre de rachat améliorée ;
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Le groupe Carrefour, qui propose la reprise de 107 points de vente ainsi que le siège du groupe, ainsi que des solutions de reclassement pour 100% des salariés travaillant sur les sites d’Aix-en-Provence et d’Athis-Mons, soit au total 1 029 salariés repris ou reclassés, pour un prix de cession de 60 millions d’euros.
C’est cette dernière offre qui a été retenue lundi 2 novembre 2020 par le Tribunal de Commerce de Paris. L’offre de Carrefour s’est distinguée par son projet industriel et son volet social. Carrefour reprend ainsi 107 points de vente et le personnel y afférant, soit plus de 1 000 salariés, pour un prix de cession de 60 millions d’euros. Cette reprise par Carrefour s’inscrit en faveur de « la transition alimentaire pour tous », conformément à la volonté du PDG du groupe Alexandre Bompard, qui entend implanter 200 magasins spécialisés.
Le groupe Bio c’Bon était accompagné de ses administrateurs judiciaires, les études Abitbol & Rousselet(Fréderic Abitbol) et Thevenot Partners (Christophe Thevenot) et par ses mandataires judiciaires, les études MJA (Valérie Leloup-Thomas) et Christophe Basse (Christophe Basse).
Bio c’ Bon était conseillé par le cabinet Villey Girard Grolleaud (Daniel Villey, Louis Marie Pillebout, Mirela Popstoeva, Diana Faragau et Aurélie Damaggio) et par son conseil financier Accuracy (Rodolphe Pacciarella, Jean-Romain Gotteland et Guénolé de Calan).
Clifford Chance a conseillé Carrefour (Delphine Caramalli, Marie Crumiere et Louis Nerson sur le volet restructuring, Marianne Pezant sur les aspects corporate, ainsi que David Tayar et Emily Xueref-Poviac sur les aspects antitrust).
Le groupe Zouari était conseillé par Hogan Lovells (Philippe Druon, Alexandre Heyte et Éric Paroche).
Biocoop SA était conseillé par White & Case LLP (Saam Golshani).
Par Agathe Caquineau