Fondé en 1893 à Bruxelles, la « Friture Léon » est un petit restaurant dédié aux moules et à la cuisine belge dont la réputation donne naissance un siècle plus tard, en 1989, au premier restaurant « Léon » à Paris. Débute alors une croissance rapide, ralentie en 2001 par des difficultés financières importantes dont elle saura se tirer avec brio. Retour sur un retournement réussi !
Des produits de qualité, un développement qui se révèle être un succès à chaque nouvelle ouverture. Les ingrédients semblent réunis pour offrir un avenir radieux à l’entreprise. Et pourtant, au premier semestre 2001, Léon de Bruxelles qui compte alors 34 restaurants en propre et 3 en franchise, connaît une perte nette de 2,6 millions d’euros. Elle est placée en redressement judiciaire en juin 2001.
Parmi les raisons invoquées pour expliquer ces difficultés, il est fait état d’une mauvaise maîtrise du développement de l’enseigne qui ouvre de nombreux restaurants en très peu de temps, sans se soucier des aspects managériaux qui conduisent bon nombre de directeurs à se retrouver livrés à eux-mêmes.
“Ils s’engagent ensemble dans son sauvetage et vont tisser une relation de confiance mutuelle qui expliquera en grande partie le succès de ce qu’ils ont accompli”
C’est alors que Jean-Louis Détry, le nouvel actionnaire majoritaire entré au capital en 2002, rencontre Michel Morin, ancien directeur général des restaurants Courtepaille et de la Compagnie des Wagons-Lits. Ils partagent la même vision de l’entreprise et croient en la possibilité d’un redressement. Ils s’engagent ensemble dans son sauvetage et vont tisser une relation de confiance mutuelle qui expliquera en grande partie le succès de ce qu’ils ont accompli. Jean-Louis Détry prend en charge toute la partie financière et se charge des banques quand Michel Morin gère l’opérationnel en reprenant en main les équipes. Au menu, virées sur le terrain à la rencontre des salariés et écoute…
“Michel Morin est convaincu qu’il redressera l’entreprise en redonnant confiance aux équipes, en les rendant fières de leur entreprise”
Résultat, Michel Morin est convaincu qu’il redressera l’entreprise en redonnant confiance aux équipes, en les rendant fières de leur entreprise. Il prend rapidement la décision de conserver quasiment la totalité des directeurs de restaurant alors en place et de les responsabiliser. Il va leur confier la gestion du compte d’exploitation de leur restaurant en leur fixant des objectifs ouvrants droit à des avantages s’ils sont atteints. Il rétabli la confiance, et met un point d’honneur à favoriser le bien-être et l’engagement des salariés au service de l’entreprise grâce à une politique de ressources humaines unique dans le secteur de la restauration, orientée vers la fidélisation des collaborateurs, qui passe notamment par la reconnaissance et le développement de leurs compétences pour leur permettre d’évoluer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : neuf salariés sur dix sont embauchés en contrat de travail à durée indéterminée (CDI) et 80% du personnel d’encadrement est issu de la formation interne. Le duo va également mettre l’accent sur la qualité des produits et du service. Un centre de formation interne est créé – l’école Léon – et forme les salariés à une meilleure maîtrise de la qualité.
“le redressement de l’entreprise passe par une indispensable restructuration financière”
Au-delà de l’opérationnel, le redressement de l’entreprise passe par une indispensable restructuration financière que conduira Jean-Louis Détry, de l’adaptation de la structure financière jusqu’à la négociation et le rééchelonnement des dettes bancaires.
Remise à plat de la stratégie de l’entreprise, mobilisation et engagement des salariés dans une véritable relation de confiance, communication très régulière entre Jean-Louis Détry et Michel Morin, autant d’ingrédient qui permettent à l’entreprise de retrouver une situation saine quelques années plus tard avec une augmentation du chiffre d’affaires de 50% entre 2002 et 2007, pour une rentabilité opérationnelle de 12% du chiffre d’affaires en 2007. En 2008, l’entreprise est en mesure de rembourser les banques par anticipation. Aujourd’hui, Léon de Bruxelles compte 81 restaurants en France et prévoit d’atteindre 150 restaurants d’ici dix ans.
Par Bastien de Breuvand