Alors que la mobilisation ne cesse de croître pour sauver Indiscrète, l’une des dernières manufacture de lingerie-corseterie en France, Mayday est allé à la rencontre de Béatrice Mongella, co-fondatrice de l’entreprise il y a bientôt 8 ans, qui se bat depuis de longues semaines aux côtés de Christelle Bois et de leurs salariés pour qu’Indiscrète survive aux épreuves douloureuses qu’elle a traversées. Un combat difficile porté par l’élan solidaire de tout un pays.
Mayday : Cela fait maintenant presque deux mois que vous portez Indiscrète dans son combat pour rebondir. Un combat qui a été ébranlé par la disparition tragique de votre associé, Didier Degrand. Comment vous sentez-vous ? Et comment se sentent vos salariés ?
Béatrice Mongella : Nous avons traversé des journées et des semaines très compliquées moralement, mais tout cet élan de solidarité nous a donné et nous donne encore, à Christelle, au personnel de la manufacture et au réseau de conseillères, l’énergie pour avancer et la force pour sauvegarder notre Indiscrète. Nous sommes déterminés à perpétuer notre combat de presque 8 années. Le 09 novembre 2018, nous soufflerons notre 8ème bougie Indiscrète, c’est tous ensemble que nous y arriverons…
Mayday : Indiscrète, c’est l’histoire de trois collègues de travail qui refusent la fatalité de la délocalisation et décident de se lancer dans l’aventure d’une production de lingerie haut de gamme 100% française à une époque où tout le monde délocalise en Asie ou ailleurs. Qu’est-ce qui à l’époque, vous a donné envie d’y croire ?
BM : En effet, Indiscrète est née à la suite de notre licenciement de chez Aubade.
Nous avions tous les trois un poste proposé à Paris que nous avons refusé après avoir traversé un premier plan de licenciement en 2007 de 140 personnes puis un deuxième plan en 2009 de 110 personnes…à quand le troisième plan ?
Nous étions passionnés par notre métier, convaincus de notre savoir-faire et de l’importance du made in France, que pouvions nous faire pour sauvegarder ces emplois ? Nous nous sommes fait accompagner, puis une idée en a amené une autre et Indiscrète est née le 9 novembre 2010 grâce à notre énergie et la mise en commun de toutes nos économies.
Mayday : Au-delà de l’épreuve que traverse Indiscrète, croyez-vous qu’il soit possible aujourd’hui de produire de la lingerie Made in France ?
BM : Un achat « made in France » c’est un emploi de demain. Une parure Indiscrète (un soutien-gorge et un bas) est vendue en moyenne à 130 euros avec une fabrication 100% française.
Toute la problématique est liée à la marge. Nous n’avons pas créé Indiscrète pour obtenir un simple retour sur investissement, nous avons créé Indiscrète pour créer de l’emploi et sauvegarder un savoir-faire unique en France ! Si nous avions voulu marger à 70% ou plus sur nos produits, nous serions allés produire ailleurs !
Nous sommes convaincus que la fabrication 100% française est possible si les ventes sont présentes. Sans ventes, Indiscrète ne pourra perdurer. Commander sa lingerie chez Indiscrète, c’est donner des perspectives à cette pépite et ce concept unique en France. Car Indiscrète est bien plus qu’un fabricant de lingerie : Indiscrète offre un conseil personnalisé (avec, par exemple une adaptation à la morphologie, notamment à la suite d’une ablation mammaire ou une asymétrie mammaire, ou bien encore des épaules tombantes), un conseil sur la taille (70% des femmes ne sont pas dans leur taille exacte), un conseil sur la forme du soutien-gorge la mieux adaptée à la forme de la poitrine…
Indiscrète, c’est avant tout la séduction alliée au confort !
Mayday : Indépendamment du sursaut, qu’est-ce qu’Indiscrète doit changer structurellement pour construire un modèle pérenne ?
BM : Nous sommes convaincus qu’Indiscrète doit se réinventer pour se relancer. Pour en avoir l’opportunité à moyen terme, notre priorité aujourd’hui est de vendre pour dégager de la trésorerie et d’obtenir plus de notoriété pour définir une stratégie d’avenir.
Mayday : La France entière est mobilisée pour soutenir Indiscrète, comment le vivez-vous ? Et que peut-on faire concrètement pour continuer à vous aider ?
BM : Tout ce soutien est inouï ! L’association du Made in France, la FIMIF, le groupe de soutien « Mobilisons-nous pour que vive indiscrète » sur Facebook, les particuliers, les médias, les entrepreneurs, les clientes, les hôtesses, les conseillères Indiscrète, les réseaux sociaux…c’est gigantesque et cela nous va droit au cœur. Tout ce soutien, c’est notre force d’aujourd’hui et encore plus de demain. C’est tous ensemble que nous y arriverons et que l’avenir d’Indiscrète sera viable.
Tous ceux qui veulent nous aider peuvent le faire en participant à la vente solidaire de la collection Soutien qui se déroule jusqu’au 1er octobre sur notre boutique en ligne. Et pour ceux qui ne peuvent pas y participer, relayer son existence via les réseaux sociaux est aussi une belle manière de nous aider et d’offrir la possibilité à d’autres de découvrir Indiscrète…MERCI A TOUS !
Propos recueillis par Bastien de Breuvand & Cyprien de Girval