Statistique en trompe l’œil ou tendance pour les prochains mois ? Le nombre d’ouvertures de procédures collectives est étonnant au regard de la crise économique et la récession annoncée. Plusieurs causes expliquent ce phénomène : effet procédurale des ordonnances « Covid » tout d’abord et obtention des PGE ensuite. Quoi qu’il arrive, les baisses sont importantes. Selon Altares, au total (sauvegarde, redressement judiciaire et liquidation judiciaire), il y aurait plus de la moitié des ouvertures de procédure en moins entre le T2 2020 et le T2 2019. En revanche, cette baisse des procédures ne doit pas cacher l’augmentation du nombre d’emplois menacés.
C’est pour le moins une nouvelle étonnante et il est difficile de savoir si elle est bonne ou mauvaise. Les chiffres viennent de parler, selon la société Altarès, il faut remonter à trois décennies pour obtenir des chiffres aussi faible. Si l’on compare le deuxième trimestre 2020 et la même période en 2019, les tribunaux recensent une baisse de 53 % des ouvertures de procédures collectives.
Ces statistiques en trompe l’œil, alors que la France connait une récession majeure, s’explique notamment par le régime dérogatoire institué par les ordonnances « Covid » qui ont prolongé la période d’urgence sanitaire jusqu’au 24 août 2020. Si certains s’attendent à une vague de dépôts de bilan 45 jours après cette échéance, d’autres considèrent à l’inverse que les PGE vont permettre à un grand nombre d’entreprises de passer cette échéance.
Une bonne nouvelle ?
En réalité, c’est l’arbre qui cache la forêt. Tout d’abord, certaines entreprises, qui ne subissent pas de crises de liquidités, voient pour autant leur chiffre d’affaires chuter drastiquement. A moins qu’une reprise économique vienne compenser les pertes de ces derniers mois, ces entreprises viendront tôt ou tard solliciter la protection du tribunal, mais le feront avec une dette abyssale et des perspectives de retournement amoindries.
Par ailleurs, si les statistiques montrent une baisse globale des ouvertures de procédure, il y a lieu de noter que les entreprises de plus de 50 salariés connaissent une hausse des défaillances (+ 15,7%) et les ETI sont en première ligne. En conséquence de quoi, le nombre d’emplois menacés augmente significativement sur la période passant de 41000 au T2 2019 à 43400 au T2 2020.
Par Cyprien de Girval