Le secteur de la pharmacie d’officine observe une augmentation croissante des fermetures sur le territoire depuis 2015. Une situation qui commence à inquiéter, principalement dans le secteur rural où la pharmacie tient une place importante pour le dynamisme des communes et se veut garante de l’accès au soin pour tous. Comment expliquer une telle situation et quels sont les enjeux du secteur ? Eléments de réponse.
Selon le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens (CNOP), il y avait au 1er janvier 2016, 21 600 officines sur le territoire français, 923 de moins qu’en 2008 avec une hausse des fermetures de 47% entre 2014 et 2015. Un chiffre qui ne doit pas inquiéter selon le CNOP, l’accès au soin n’étant pas remis en cause puisque les français ont en moyenne accès à une pharmacie à moins de 15 minutes de leur domicile en voiture. Mais un chiffre qui préoccupe tout de même.
Une position monopolistique qui ne suffit plus pour assurer la pérennité des pharmacies
En effet, si les pharmacies d’officine ont toujours bénéficié d’une position monopolistique sur la distribution du médicament qui leur garantissait une certaine tranquillité, cela ne semble plus suffisant aujourd’hui pour leur garantir un avenir radieux : la pharmacie d’officine semble moins attractive et son avenir incertain. Comment expliquer cette situation ?
D’abord parce qu’il est à observer un réel ralentissement de l’activité qui a rendu la profession moins attractive pour les jeunes pharmaciens, entraînant notamment une baisse du prix de cession des officines et la disparition de nombre d’entre elles faute d’avoir pu trouver un repreneur.
Ensuite parce que le réseau officinal se restructure soit par le regroupement des officines, soit par la cession de clientèle entre officines pour se renforcer et éviter d’être disséminées sur le territoire.
En outre, parce que le phénomène de désertion médicale est bien réel. Nombreuses sont les communes dépourvues de médecins généralistes dont dépendent en grande partie les pharmacies qui accusent une perte significative de leur chiffre d’affaires, les patients ayant l’habitude d’acheter leurs médicaments à proximité du lieu de consultation.
S’ajoute également à cela la baisse des tarifs des médicaments, la concurrence des parapharmacies et des sociétés de distribution spécialisées dans la vente et la location de matériel médical ou encore l’hospitalisation à domicile, où l’hôpital ne sollicite plus la pharmacie mais fait appel à ses propres intervenants…
L’incertitude sur l’avenir du monopole des officines avec le projet d’ouverture à la concurrence des Grandes et Moyennes Surfaces et l’assouplissement des ventes en ligne de médicament doivent également être pris en compte.
Une profession qui doit se réinventer pour s’adapter à l’évolution du contexte économique et social
Si l’on écoute les préconisations de la Cour des Comptes, qui recommande la fermeture de 10 435 pharmacies (soit une pharmacie sur deux), le tableau est plutôt sombre pour la profession qui doit penser à se réinventer pour s’adapter à l’évolution du contexte économique et social.
Parmi les pistes de transformation possibles, certains estiment que la pharmacie doit devenir un acteur clé du parcours de santé de chaque patient. Pour cela, elles doivent se positionner sur l’ensemble des étapes du parcours santé avec des services qui deviendront un véritable levier de performance pour leur activité.
Le pharmacien doit pouvoir intervenir dans la phase de prévention, le sensibiliser dans la phase de dépistage, l’orienter dans la phase de diagnostic, le faire adhérer dans la phase d’intervention et de traitement et enfin le coacher dans la phase de suivi et de prévention secondaire.
De nombreuses évolutions sont encore en attente pour le secteur de la pharmacie d’officine, souhaitons qu’elles permettent aux structures existantes de perdurer et à chacun d’entre nous de pouvoir accéder aux soins sans difficultés.
Par Bastien de Breuvand