Placé sous la protection du Tribunal de commerce de Paris depuis le 6 août 2019 dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire, le journal VSD a présenté un plan de continuation. Ce dernier a été arrêté par le Tribunal de commerce de Paris le 8 avril 2021 permettant ainsi de préserver un titre de presse historique.
Créé en 1977 par Maurice Siegel, ancien directeur général d’Europe 1, le journal VSD (sigle de vendredi, samedi, dimanche) est un magazine généraliste d’actualité et de loisirs. VSD est un journal ayant une diffusion significative (50 000 exemplaires par numéro en moyenne contre 17 634 pour L’Express, 36 307 pour Marianne, 45 112 pour Le Point et 14 104 pour Gala). Repris en février 1996 par Prisma Media, le journal est ensuite vendu en 2018 à l’homme de presse Georges Ghosn (ex-France Soir notamment). Le 6 août 2019, VSD est placé en redressement judiciaire suite à des difficultés provenant principalement, selon le dirigeant, de la délicate transition avec Prisma Media et du poids des clauses de cession exercés par de nombreux journalises et pigistes.
À l’ouverture de la procédure de redressement judiciaire, la société employait 23 salariés, et avait réalisé un chiffre d’affaires de 6,4 millions d’euros en 2018. La période d’observation a été prolongée une première fois allant ainsi jusqu’au 6 août 2020. Au titre de l’ordonnance du 27 mars 2020, elle a bénéficié d’une nouvelle prorogation de plein droit d’une durée de 3 mois. Enfin, le 27 novembre 2020, la période d’observation a été prorogée une nouvelle fois de 3 mois, à titre exceptionnel, soit jusqu’au 6 février 2021.
La société VSD n’a pas été épargnée par les difficultés de trésorerie pendant la procédure, subissant coup sur coup l’impact de la crise sanitaire sur les ventes en kiosque, notamment dans les gares et aéroports, puis la défaillance du distributeur Presstalis.
Au terme d’une restructuration menée au cours de la période d’observation, permettant une réduction des coûts fixes estimée à 1,1 millions d’euros en année pleine, la société a présenté, en février 2021, un plan de redressement par voie de continuation, soutenu par son gérant, Georges Ghosn, et par l’éditeur indépendant Robert Lafont, propriétaire du groupe coté Entreprendre.
Les actions drastiques menées par le dirigeant ont permis à VSD de diminuer sensiblement ses pertes d’exploitation tout en maintenant un niveau de ventes au numéro satisfaisant.
Si l’équilibre opérationnel demeure fragile, la société VSD bénéficie du soutien de ses créanciers, tant les créanciers postérieurs qui ont accepté d’étaler la dette constituée pendant la crise sanitaire, que les créanciers antérieurs, qui soutiennent le plan à plus de 87%.
Par ailleurs, le groupe Lafont Presse, dirigé par Robert Lafont, après avoir participé au financement de la période d’observation, entend entrer au capital de la société VSD pour soutenir le redéploiement du titre.
Le plan de redressement par voie de continuation de la société VSD a ainsi été adopté le 8 avril 2021 par le Tribunal de commerce de Paris, sa durée étant fixée à 10 ans.
Abitbol & Rousselet (Joanna Rousselet) est intervenue sur le dossier en tant qu’administrateur judiciaire.
Fides (Bernard Corre) est intervenue sur le dossier en tant que mandataire judiciaire.
VSD et Georges Ghosn étaient conseillés par FTPA Avocats (Romain Lantourne et Johan Akrout) sur les aspects juridiques et par SO-MG Partners (Kenza Amar et Morgane Kerguelin) sur les aspects financiers.
Lafont Presse et Robert Lafont étaient conseillés par Francis Dominguez.
Par Caroline de Bonville