Trois ans après la disparition de sa créatrice emblématique, le tribunal de commerce de Paris a prononcé ce jeudi 25 juillet 2019 la liquidation judiciaire de Sonia Rykiel, faute de repreneur.
L’épopée de la Reine du Tricot
Née Sonia Flis en 1930 à Paris, Sonia Rykiel est une véritable icone des années 1970, surnommée en 1967 la Reine du Tricot par le magazine américain Women’s Wear Daily pour son pull-over moulant. Elle ouvre sa première boutique rue de Grenelle en mai 1968. A l’origine du « pas d’ourlet » et du « pas doublé » qui marquent la mode des années 70, des premiers joggings sophistiqués en velours, Sonia Rykiel construit son image sur la « démode », concept visant à adapter la mode à sa personnalité et non en subissant les diktats. Elle crée un style aux éléments indentifiables et dont les mots clés sont le noir, les rayures, la dentelle, le strass, la maille et les messages écrits sur les pulls.
En 1977, Sonia Rykiel est la première créatrice à rentrer dans le catalogue 3 Suisses. En 1983 elle lance une ligne pour enfants et une collection pour homme en 1990.
C’est en 2008 que la marque installe sa boutique boulevard Saint Germain (Paris 6ème), dans 550 m2 et que le musée des Arts décoratifs de Paris lui accordera une exposition « Sonia Rykiel Exhibition ».
Comme cela avait été évoqué dans nos colonnes, la maison de prêt à porter, qui souffrait de difficultés accentuées depuis la mort de sa créatrice en 2016, avait sollicité son placement en redressement judiciaire le 18 avril dernier. Malgré l’appel d’offres lancé par les administrateurs judiciaires de Sonia Rykiel, Hélène Bourbouloux et Joanna Rousselet, dont la date limite initialement fixée au 31 mai 2019 avait été repoussée au 12 juin, puis au 18 juillet dernier, aucun repreneur n’a été trouvé.
L’absence de repreneur
Plusieurs marques d’intérêts avaient en effet été formulées, notamment celle d’un groupe chinois ou encore d’Emmanuelle Diemoz, un ancien dirigeant de Balmain. Ces derniers s’étaient toutefois désistés. Les résultats désastreux de ces dernières années n’ont certainement pas aidé à envisager l’avenir. En 2018, la marque enregistrait une perte nette de 30 millions d’euros pour 35 millions d’euros de vente selon l’AFP.
Une seule offre restait en lice. Celle portée par Nicole Lévy et son fils Julien Sedbon, deux entrepreneurs du secteur immobilier qui proposaient de reprendre l’entreprise et 29 de ses salariés selon Le Monde puis de la relancer sur internet. Selon Le Monde toujours, ces derniers auraient finalement décidé de ne pas soutenir leur dossier qui ne remportait pas le soutien des administrateurs judiciaires de Sonia Rykiel et des représentants du personnel, faute de garanties nécessaires pour assurer la pérennité de la maison.
C’est dans ce contexte que le tribunal a prononcé la liquidation judiciaire de Sonia Rykiel ce jeudi 25 juillet. Pour une salariée dont les propos sont rapportés par l’AFP « Le problème c’est que (…) les nouveaux propriétaires [le fonds chinois First Heritage Brands propriétaire à 100% de la marque depuis 2016] n’ont pas gardé les codes et les bases de la maison, comme la maille et les rayures, ils ont dilué ce qui faisait l’identité de la marque et se sont lancés dans une course au luxe alors qu’on faisait du prêt à porter ».
Les 131 salariés vont donc être licenciés. Les prochains jours risquent d’être ceux des négociations avec le fonds d’investissement chinois « First Heritage Brands », actionnaire de Sonia Ryliel pour qu’il finance le plan social et les mesures d’accompagnement des salariés.
Faire renaître la marque
Liquidation judiciaire ne veut toutefois pas dire disparition de la marque. Cette dernière peut en effet encore être reprise via un rachat d’actif dans le cadre de la liquidation judiciaire …
Par Cyprien de Girval