Tous les ans depuis 2011, le Prix Ulysse de l’ARE (Association pour le Retournement des Entreprises) récompense le meilleur retournement d’entreprise de l’année écoulée. La cérémonie de l’édition 2025 s’est déroulée ce lundi 17 mars à l’Automobile Club de France. Cette année, Setic Pourtier a été désigné lauréat, marquant ainsi le 15ème anniversaire de la création du Prix Ulysse. Les deux autres entreprises nominées ont également été chaleureusement félicitées pour le travail accompli : Pierre & Vacances et Centigon, qui a quant à elle obtenu le prix des lecteurs des Echos.
C’est sous le haut patronage de Monsieur Marc Ferracci, Ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie, que s’est tenue cette 15e édition du Prix Ulysse, qui distingue une entreprise qui a non seulement effectué un retournement spectaculaire, mais également inscrit son redressement dans la durée et donné un nouvel élan à son activité.
« Être sélectionné pour concourir au Prix Ulysse invite les candidats à se retourner sur le long voyage qu’ils ont entrepris », souligne Xavier Bailly, Président de l’ARE.
Pour l’attribution de ce prix, toutes les composantes (sociales, industrielles et financières) sont prises en compte par le comité, composé cette année de Clotilde Delemazure, Sophie Barbé Wolffsheim, Thibaud Caulier, Benoît Desteract, Jean-Louis Detry, Céline Domenget-Morin, Amaury Dumas-Marze, Guillaume Foucault, Timothee Gagnepain, Lionel Gouget, Philippe Hery, Xavier Mesguich, Marine Pace, Serge Pelletier, Jeremie Surchamp.
Et, le meilleur retournement d’entreprise de l’année a été décerné à l’entreprise Setic Pourtier, présidée par Thierry Collard.
Setic Pourtier, fleuron de l’industrie française et lauréat 2025
Fondée en 1948, Setic Pourtier est spécialisée dans la conception et fabrication 100% française de machines destinées au marché du fil et du câbles. Après avoir appartenu au groupe belge Gauder, puis à Thierry Collard, l’entreprise est cédée en 2018 à l’italien Sampsistemi, groupe SECI, qui œuvre dans le même secteur.
Mais en mai 2019, confronté à des difficultés financières, le groupe SECI entame une restructuration en Italie, entraînant en cascade la suspension des lignes de crédit de ses filiales (Setic, Pourtier et SNRT). Dès le mois d’août de la même année, ces dernières, en cessation de paiement, sont donc contraintes d’ouvrir une procédure de redressement judiciaire. Incapable de soutenir l’activité, Sampsistemi cède l’entreprise en 2020 à son ancien propriétaire, Gauder, dans le cadre d’un plan de cession. Thierry Collard reprend progressivement le capital et applique les prévisions du plan de redressement adopté en juin 2020 : arrêt des segments non rentables, recentrage sur les marchés à forte valeur ajoutée, optimisation des coûts et relance commerciale.
L’entreprise bénéficie du soutien de ses partenaires à tous les niveaux. Mais, malgré ces efforts, Setic reste financièrement fragile et n’a pas accès aux cautions bancaires, considérée comme « sous-performante ». Thierry Collard s’allie alors en 2024 au fonds Arcole qui accepte d’injecter 4,5 M€ et de sortir du plan de continuation afin de pouvoir à nouveau bénéficier des cautions bancaires. En février 2024, la majorité du capital est cédée à Arcole, et l’entreprise devient Setic Pourtier. Le processus de rachat des créances est alors engagé par le nouvel actionnaire, dont l’apport de fonds se double d’un appui stratégique et opérationnel, Arcole apportant son soutien aux actions engagées depuis 2020 et aux équipes qui les mènent.
En novembre 2024, le tribunal acte la modification du plan de redressement et autorise l’apport en capital des créances rachetées. La réalisation de l’augmentation de capital et le paiement des créances restantes permettra de sortir du plan de continuation par anticipation et de refermer une parenthèse négative dans la vie de ce fleuron industriel.
AJ UP (Grégory Wautot) est intervenu en qualité d’administrateur judiciaire de Setic Pourtier et Geoffroy Berthelot en qualité de mandataire judiciaire puis de commissaire à l’exécution du plan. Setic Pourtier était conseillée par Racine (Antoine Diesbecq, Bruno Laffont) et Bersay (Julie Molinié), ainsi que par MPRD & Partners (Marco Pezzetta).
C’est ce beau retournement qu’est venu saluer et récompenser aujourd’hui le Prix Ulysse. Les deux autres candidats ont également été largement félicités pour tout le travail accompli, avec une mention spéciale pour Centigon, qui a reçu le prix des lecteurs des Echos.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », conclue Marc Ferracci, Ministre chargé de l’Industrie et de l’Energie, reprenant les mots de Victor Hugo.
Par Agathe Caquineau