En France et au Royaume-Uni, les statistiques sur les défaillances d’entreprises mettent en lumière une baisse de ces dernières grâce aux mesures de soutien mises en place par les gouvernements tandis que phénomène inverse a été observé au Danemark. Quelle est la situation observée chez nos autres voisins ? Zoom sur l’Espagne !
En mars 2020, l’Espagne annonçait un ensemble de mesures de soutien pour les entreprises comprenant notamment avec la mise en place de PGE, de mesures fiscales (report, échelonnages) et du chômage partiel. Ainsi, comme dans les autres pays européens, ces mesures d’urgence sont conséquentes et ont essentiellement pris la forme de deux dispositifs : un mécanisme d’activité partielle (qui a couvert jusqu’à 3,4 millions de personnes au plus fort de la crise) et un schéma de garanties publiques pour les prêts aux entreprises afin de soutenir leurs besoins de liquidité.
Au quatrième trimestre 2020, le nombre d’entreprises déclarées en faillite a augmenté de 0,3 %, par rapport à la même période de l’année précédente. Sur l’ensemble de l’année 2020, le nombre de sociétés en faillite s’est élevé 4 097 soit une baisse de 14,4% par rapport à l’année 2019.
En termes de mesures récentes de réponse à la crise et de relance, un plan, d’un montant total de 11 milliards d’euros, a été approuvé lors d’un Conseil des Ministres extraordinaire le 12 mars 2021. Ce plan compose de trois fonds (i) un premier fonds de 7 milliards d’euros pour aider directement les entreprises (ayant vu leurs chiffres d’affaires baisser de 30%) à couvrir leurs coûts fixes avec une mise à disposition rapide des fonds (dans un délai maximal d’un mois et dix jours après la demande) dont 2 milliards d’euros seront réservés pour les Canaries et les Baléares, fortement touchées par la crise en raison du poids du tourisme dans les îles ; (ii) un deuxième fonds de 3 milliards d’euros pour restructurer les prêts garantis par l’entité financière publique ICO ; (iii) un troisième fonds, s’élevant à 1 milliard d’euros pour recapitaliser les PME, géré par l’entité publique Cofides.
Le Congrès des Députés a validé le 25 mars 2021 le décret-loi mobilisant ces 11 milliards d’euros pour soutenir les entreprises et indépendants en difficultés.
De plus, le moratoire sur les procédures de faillite (« procedimientos concursales ») des entreprises est prolongé jusqu’au 31 décembre 2021. Il durera ainsi 21 mois étant effectif depuis mars 2020. Le gouvernement a également pour projet de réformer le droit des faillites à l’issue de cette nouvelle prorogation dans le but d’avoir une meilleure appréciation de la viabilité des entreprises.
Concernant le chômage partiel, le Ministre de la Sécurité Sociale, José Luis Escrivá, a indiqué le 19 mars 2021 que le dispositif de chômage partiel serait prolongé au-delà du 31 mai 2021, date actuelle d’extinction du dispositif. Les modalités du dispositif pourraient être adaptées en fonction de la situation sanitaire. Ce dispositif est en effet efficace. Selon les résultats d’une étude statistique expérimentale de l’Institut National de Statistique (INE), la survie des entreprises ayant bénéficié du chômage partiel serait de 3 points de pourcentage supérieure à celle des entreprises qui n’ont pas utilisé ce dispositif.
Des mesures sont également prises localement. À titre d’exemple, au Pays Basque, le gouvernement basque a lancé en mars une ligne de crédit de 500 millions d’euros pour financer les PME, les indépendants et les entrepreneurs individuels.
L’Espagne est donc également dans une dynamique baissière comme la France et le Royaume-Uni mais cette dernière est différente. En effet, la baisse des défaillances d’entreprises en Espagne est moins accentuée et compte même une stabilisation fin 2020.
Par Caroline de Bonville