Le 8 juillet 2021, Altares dévoilait les chiffres des défaillances d’entreprises en France sur le 2ème trimestre de l’année 2021 tandis que l’Observatoire Économique des Entreprises en Difficulté du CNAMJ vient de dévoiler ses indicateurs sur les procédures collectives et de prévention. Quel est donc le bilan pour ce premier semestre de l’année 2021 ?
Créé suite à la loi de juillet 2005 de sauvegarde des entreprises, l’Observatoire Économique des Entreprises en Difficulté a pour rôle d’apporter un éclairage statistique sur les différentes procédures collectives et amiables. En tant qu’entité propre du Conseil National (CNAJMJ), l’Observatoire centralise et traite les données relatives aux dossiers dont les administrateurs et mandataires judiciaires sont chargés par la justice. Altares, acteur incontournable, publie régulièrement des études sur les comportements de paiement et les défaillances d’entreprises, mais également des livres blancs.
6 587 procédures collectives ont été ouvertes lors du deuxième trimestre de l’année 2021, ce qui représente une hausse de 14,2% par rapport à la même période de l’année 2020 d’après les données d’Altares. D’après l’observatoire économique et sur l’ensemble du premier semestre 2021, une baisse du volume d’ouvertures de procédures collectives d’environ 6% est constatée par rapport au premier semestre 2020. Cette baisse est encore plus importante en comparaison au premier semestre 2019 (-42%) ainsi qu’au premier semestre 2018 (-43%). Notons que si la tendance observée sur les premiers jours de juillet 2021 se poursuit, le nombre d’ouvertures de procédures collectives devrait être comparable à son niveau de juillet 2020.
Toutefois, le volume des jugements reste deux fois inférieur au niveau d’avant Covid selon Altares. En effet, depuis le début de l’année 2021, moins de 15 000 jugements ont été prononcés par les Tribunaux de commerce et judiciaires contre 17 000 sur les six premiers mois de 2020 et 28 000 sur la même période en 2019.
Outre les liquidations directes qui restent très fréquentes, des signaux de fragilisation émergent notamment pour les TPE, le secteur du bâtiment et les régions Ile-de-France et PACA. S’agissant des secteurs, les secteurs les plus concernés par l’ouverture d’une procédure collective sont la construction, le commerce de proximité ainsi que l’hébergement et restauration selon l’observatoire économique.
Lors de ce deuxième trimestre le taux des liquidations directes (75 %) reste largement au-dessus de ses valeurs traditionnelles (68 %). Cependant, le nombre d’emplois menacés recule très sensiblement et tombe sous le seuil des 20 000, alors qu’il était deux fois supérieur il y a un an. Pour l’observatoire économique du CNAMJ, cette évolution est notamment expliquée par le fait que certaines très grosses entreprises ont fait l’objet d’une procédure au deuxième trimestre 2020, ce qui n’est pas le cas en 2021 pour le moment. Dès lors, il est normal qu’après une légère hausse des emplois concernés par l’ouverture d’une procédure collective au premier trimestre 2021 par rapport à 2020 (+2,8%), la tendance se soit inversée avec une baisse de plus de 77% au deuxième trimestre 2021.
Concernant les régions, trois régions se démarquent par un net recul du nombre de procédures ouvertes sur le deuxième trimestre. Il s’agit de la Normandie, la Bretagne et les Hauts-de-France. À l’inverse, deux régions enregistrent une hausse du nombre de défaillances de plus de 35 % avec en tête, l’Ile-de-France, suivie de près par la Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Pour l’observatoire économique, ces chiffres sont en cohérence avec la taille des régions.
Les procédures de prévention sont, quant à elles, de plus en plus utilisées. En effet, sur l’ensemble du premier semestre 2021, il y a eu une forte hausse du volume d’ouvertures de procédures de prévention d’environ 52% par rapport au premier semestre 2020. Ce nombre d’ouvertures de procédures de prévention est également supérieur à son niveau d’avant Covid puisqu’il est en hausse de près de 20% par rapport à son niveau de 2019 et de près de 25% par rapport à 2018.
Thierry Million, directeur des études Altares, en conclut donc qu’« à l’entame du 3ème trimestre 2021, le front des défaillances d’entreprises reste donc encore très calme. Sauf retour d’une épidémie persistante, les perfusions financières devraient être débranchées dans les prochaines semaines. Pour autant, cela ne devrait pas déclencher une forte poussée des défaillances sur le deuxième semestre 2021 ».
Par Caroline de Bonville