La nouvelle est tombée comme un coup de massue pour les salariés qui, après avoir connu les déconvenues d’Altifort, observent le dépôt de bilan de British Steel. Pourtant, le gouvernement se veut rassurant et l’affirme, la reprise d’Ascoval aura bien lieu. Une situation tout de même complexe dans un dossier à rebondissements permanents. Aurait-on pu faire mieux ?
Le dépôt de bilan de British Steel a été d’autant plus douloureux que l’aciérie se bat depuis des mois pour trouver un repreneur. Après avoir cru dans la reprise d’Altifort, les salariés font face à une nouvelle déconvenue. « C’est un coup de fusil !», s’est inquiété auprès de l’AFP Djamal Hamdani, représentant CFDT du site British steel Hayange. Certains d’entre eux se demandent même si la fin de l’usine ne serait pas la bonne solution, las de vivre dans cette incertitude. Pour autant, la faillite de British Steel, si elle inquiète et pose certaines questions légitimes, ne remettrait pas en cause la reprise d’Ascoval.
British Steel est la société sœur d’Ascoval
British Steel est en fait la société sœur d’Ascoval, toutes deux étant détenues par Olympus Steel Limited. Dans ce contexte, le dépôt de bilan du sidérurgiste britannique ne concerne pas l’activité d’Ascoval qui va continuer normalement. Les juridictions britanniques ont désigné le cabinet EY en qualité d’administrateur judiciaire.
Le propriétaire de British Steel estime de son côté que ce dépôt de bilan est la conséquence des incertitudes générées par le Brexit. Il semble que la baisse de la Livre Sterling ait également pu impacter le coût des matières premières et donc la compétitivité du site britannique. Dans ce contexte, British Steel sollicitait une aide d’environ 34 millions d’euros pour permettre la poursuite de son activité, aide que le gouvernement britannique a refusé, le tout sur fond de campagne européenne qui prend une allure de second référendum pro-Brexit.
Le gouvernement français se veut rassurant
Pour autant, Bruno Le Maire a précisé que le plan de financement et le plan d’affaires d’Olympus Steel Limited, repreneur d’Ascoval, ne dépendaient pas de l’activité de British Steel. A date, le repreneur a d’ailleurs tenu l’intégralité de ses engagements et doit apporter environ 2,5 M€ d’ici quelques semaines.
Aussi, s’il sait que le site nécessite des investissements importants pour mener à bien le projet de transformation, Bruno Le Maire se dit confiant sur l’avenir d’Ascoval et insiste sur la viabilité du projet. Dans une déclaration donnée ce jour, le ministre des finances rappelle l’intérêt pour la France de garder sur son sol l’outil sidérurgique développé par Ascoval. Plus largement, la question qui est posée est celle de la meilleure intégration entre l’amont, Ascoval, et l’aval, notamment le site de Hayange qui vit lui-même dans l’inquiétude depuis le dépôt de British Steel.
Compte tenu des apports financiers, Bruno Le Maire indique avoir une activité garantie pour les 6 mois qui viennent. Difficile tout de même de ne pas comprendre l’inquiétude des salariés, le plan de retournement reposant sur un volume de commandes quasiment entièrement apporté par le repreneur. A ce jour, certains ne travaillent qu’une semaine par mois faute de commandes suffisantes.
Plusieurs questions se posent et notamment celle de savoir comment Olympus Steel va t’elle pouvoir éviter la contagion de la faillite de l’une de ses sociétés sur l’autre ?
Le repreneur n’était sans doute pas aussi solide qu’il l’a été présenté et la question du choix de British Steel parait légitime. Pourtant, il faut rappeler que les acquéreurs potentiels ne se sont pas bousculés pour reprendre l’aciérie d’Ascoval qui doit assumer d’importants coûts de production dans un secteur compliqué où la demande fixe les prix.
Aussi, face à l’absence d’alternative, y a-t-il vraiment d’autre choix que celui d’essayer ?
Par Cyprien de Girval
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