Placée en procédure de sauvegarde depuis le mois de mars, Nice Matin était l’objet depuis plusieurs semaines d’un duel pour sa reprise entre les milliardaires Iskandar Safa et Xavier Niel. Suite au retrait d’Iskandar Safa, Xavier Niel a le champ libre pour prendre le contrôle du titre.
Nice Matin ne finit pas de faire parler de lui. En 2014, dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire, Nice-Matin avait été repris par une partie de ses salariés regroupés à travers une Société coopérative d’intérêt collective (SCIC). A l’époque, le tribunal avait voté pour leur offre au détriment de l’offre du groupe de presse belge Rossel auquel était notamment associé Iskandar Safa et de celle de Georges Ghosn (ex propriétaire de la tribune et de France Soir).
Iskandar Safa revient dans la course
En 2016, la SCIC décide de s’adosser au groupe belge Nethys qui va acquérir dans un premier temps 20% du capital via sa filiale Avenir Développement et qui, aux termes d’un pacte d’associés signé avec la SCIC, avait vocation à devenir actionnaire majoritaire d’ici 2020.
Fin 2018, Iskandar Safa, également propriétaire de Valeurs Actuelles, s’intéresse à nouveau au dossier et des discussions sont alors engagées avec la société pour envisager une reprise de Nice Matin par ce dernier. Le 6 mars 2019, Nice Matin est placée en procédure de sauvegarde avec pour objectif notamment d’encadrer cette cession, en dépit de la contestation de son actionnaire Nethys.
Une entreprise divisée
Les choses se compliquent lorsque Xavier Niel entre dans la course et manifeste également son intérêt pour entrer au capital de Nice Matin. En juin, Nethys annonce à la direction de la société qu’il était entré en négociation exclusive avec Xavier Niel pour le rachat de sa filiale Avenir Développement qui détient elle même 34% du journal. Xavier Niel précise quant à lui dans un communiqué, relayé par l’AFP et rapporté par différents journaux, que « cet accord permettrait à Avenir Développement d’assumer pleinement ses responsabilités d’actionnaire dans le cadre du plan de redressement de Nice-Matin aux côté de la direction de la rédaction et des équipes de Nice-Matin ».
Ce dernier qui a promis de « contribuer (au) redressement tout en préservant l’indépendance éditoriale des rédactions » a les faveurs de 95% des journalistes du titre. Ce soutien est particulièrement important dans une entreprise où les journalistes disposent d’une clause de conscience leur permettant, en pareil changement d’actionnaires, de démissionner du journal tout en bénéficiant de leur droit au chômage.
Dans ce contexte, Iskandar Safa, bien que pour sa part soutenu par la majorité des salariés actionnaires, qui ont manifesté leur soutien par un vote le 12 juillet dernier en faveur de son projet de reprise, a finalement annoncé qu’il se retirait du projet de reprise au motif qu’il ne pouvait maintenir une offre dans une entreprise divisée.
Xavier Neil a ainsi pris, via sa holding personnelle NJJ, une participation majoritaire dans Avenir Développement la société alors détenue par Nethys, propriétaire de 34% du journal (les 66% restant étant détenus par la SCIC). En vertu du pacte d’actionnaires liant la SCIC à cette société, Xavier Neil devrait devenir actionnaire majoritaire d’ici à 2020 et donc maintenant le champ libre pour prendre le contrôle du titre.
Par Cyprien de Girval