C’est une période en pleine ébullition pour les professionnels du retournement. Après le départ de Guilhem Bremond pour Paul Hastings et d’Hector Arroyo pour Baker McKenzie, l’arrivée d’Emmanuel Drai chez Simon Associés, l’installation de Virginie Verfaillie et Christine Le Breton et le lancement d’Astrup Tellecha, c’est au tour de Marie Négrel d’annoncer le lancement de son cabinet, Négrel Avocats, une nouvelle boutique de niche prometteuse.
C’est un sacré concours de circonstances pour Marie Négrel qui s’installe au moment où Guilhem Bremond rejoint Paul Hastings et dans un contexte où la France s’attend à devoir faire face à une importante vague de défaillances d’entreprises. Un hasard de calendrier pour celle qui a murement réfléchi sa décision, désireuse de lancer sa propre boutique de niche dédiée aux opérations de restructuration et aux contentieux.
D’Aix en Provence à Paris, du droit public des affaires au restructuring
Originaire d’Aix en Provence, c’est pour rejoindre la rue Saint Guillaume que Marie Négrel pose ses valises à Paris. Alors étudiante à Sciences Po, elle part étudier un an en Californie au sein de l’University of California à Berkeley. De retour à Paris, elle étudie le droit public des affaires « loin de mon métier actuel » reconnait-elle. Après une expérience aux côtés de Francis Teitgen, ancien bâtonnier de Paris, à l’époque avocat associé chez Weil Gotshal & Manges, « un avocat incroyable qui m’a donné envie d’exercer ce métier » nous indique-t-elle, l’avocate décide de porter la robe au sens propre du terme en se rapprochant du monde du contentieux privé des affaires. Elle souhaite alors exercer « dans une structure plus petite » pour « plaider et voir les dossiers dans leur intégralité » et réalise ainsi la première partie de parcours dans plusieurs cabinets de contentieux.
Elle intègre le milieu du retournement d’entreprises en 2015, à la faveur d’une rencontre avec Guilhem Bremond. « Un choix évident pour personne » nous confie le fondateur du cabinet éponyme « car elle n’avait pas le parcours habituel de mes collaborateurs ». Mais « elle a été précieuse et je crois que personne n’a regretté ce choix, en tous cas pas nous » commente-t-il. Si elle s’est formée au restructuring chez Bremond & Associés, Marie Négrel continue « d’avoir un angle dans les dossiers qui est marqué par son expérience antérieure en contentieux » pour l’associé de Paul Hastings. Au sein de la boutique éponyme, elle intervient pendant cinq ans sur d’importants dossiers de restructuration et de contentieux tels que la reprise du groupe Arche Industries par le chinois Jinjiang Industries, l’annulation du plan de cession de Goss International France « un dossier particulièrement complexe de réintégration de salariés dans une société en liquidation judiciaire » avec tout ce que cela peut impliquer au plan juridique ou encore la restructuration de la chaine hôtelière JJW. Dans ce dossier, le cabinet Bremond & Associés représente alors le principal créancier, une banque internationale de premier rang, dans une affaire où Mohammed Al Jaber a mis son groupe en sauvegarde « la veille de la date d’échéance du prêt ». Un dossier titanesque s’en suit, mais « un dossier passionnant … qui n’est pas terminé » nous confie l’avocate.
L’envie d’entreprendre
Désireuse de développer davantage le contentieux civil, commercial et pénal des affaires « qui correspond à mes premières années de barreau », tout en continuant de développer le restructuring, Marie Négrel nous confie que ses « cinq années chez Bremond & Associés ont été passionnantes. J’ai beaucoup appris aux côtés de Guilhem Bremond bien sûr, mais également de Virginie Verfaillie. J’ai été impliquées sur de très beaux dossiers et ai rencontré des professionnels de grande qualité. Nous formions une petite famille dont je garderai d’excellents souvenirs ». Mais appelée par l’aventure entrepreneuriale, celle qui a mûrement réfléchi son projet a décidé de s’installer. Hasard du calendrier ce choix s’inscrit dans une période particulière tant pour notre pays que pour son ancien cabinet.
Marie Négrel intervient tant pour des organes de la procédure, des dirigeants et de belles PME, que des créanciers et des actionnaires. Proposant une offre alternative entre les structures internationales disposant d’équipes réputées, parfois éloignées d’une clientèle de PME et ETI, et des cabinets français généralistes ne disposant pas toujours de pratique restructuring, Marie Négrel veut poursuivre une pratique de haut niveau, l’agilité en plus.
Sa signature ? C’est peut-être celui qui l’a vu travailler pendant cinq ans qui nous en donne les clés. « C’est une fine juriste, bonne plaideuse, qui comprend parfaitement les enjeux financiers des clients » mais plus encore « elle est apaisante et à une capacité à ne pas se laisser prendre par le stress d’un dossier. Elle sait être engagée, car c’est l’essence du métier d’avocat, tout en gardant du recul et beaucoup de sérénité » avant de conclure « elle a été précieuse pour le cabinet et a toutes les qualités pour se lancer ».
Celle qui nous confie ne pas se « retrouver dans les grandes firmes internationales », commence en solo mais nous confie que cela « n’est pas un objectif, mais un point de départ » …
Par Cyprien de Girval