Le nantais AltéAd, spécialiste du transport exceptionnel comme celui des pièces géantes de l’A380, du levage et de la manutention, s’est placé sous la protection du Tribunal de commerce de Paris qui, par jugement du 27 mai dernier, a ouvert une procédure de redressement judiciaire au bénéfice des 25 sociétés du groupe. Un processus de cession a été initié par les deux administrateurs judiciaires nommés.
Depuis 1995, AltéAd n’a cessé de se développer. Il est devenu l’un des leaders Français et Européen des solutions logistiques intégrées. Depuis sa création autour des activités de transport et de levage, le groupe a enrichi sa gamme de services dans le but d’offrir une offre 360° destinée à accompagner ses clients en France comme à l’international.
Présent en France sur plus de 70 sites, réalisant 236 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 (Ebitda 12,4 millions d’euros) avec 2000 salariés, le groupe dispose de 3000 véhicules roulants ou attelages et de plus de 500 000 m² de stockage.
Un groupe qui s’est construit sur des opérations de croissance externe
Boulimique, le groupe s’est déployé ces dernières années à coup de nombreuses opérations de croissance externe : société Roblin en 1995, Grandjouan Industries, Transports Bosc, France Levage, Cayon Levage, Augizeau, Atlantitrans, Montalev Levage de 1999 à 2001, Métareg en 2003, puis SPIM (spécialiste de la maintenance conditionnelle) et SIEM (secteur nucléaire) en 2004. En 2007, le groupe acquière le transporteur spécialisé belge Devriendt situé à proximité du port de Zeebruges et créé une plateforme logistique à Anvers. La même année, il renforce son implantation levage dans l’ouest avec l’acquisition des sociétés L.M.T. et Duranteau, ainsi que ses activités Transports avec la Société Pineau en 2008. En 2009 enfin, les acquisitions successives des sociétés Lorlev et Revel sont venues renforcer le maillage géographique du Groupe AltéAd, qui est désormais présent sur tout le territoire avec plus de 60 sites.
L’origine des difficultés
Depuis plusieurs mois, le groupe subit des difficultés de trésorerie. Celles-ci pourraient s’expliquer par les mouvements sociaux nationaux, la hausse du prix des carburants et le décalage sur les commandes d’éoliennes qui auraient aussi fortement pesé sur la trésorerie.
En parallèle, un développement mal maîtrisé et vers des secteurs peut-être non core business, à travers la logistique industrielle en intégrant les métiers d’entreposage et d’emballage industriel, le transport des produits de moins de 500 kilos et les activités africaines, pourrait également expliquer les difficultés du transporteur.
A la recherche d’un repreneur
Un des actionnaires de référence et fondateur Jean-François Torres Garcia a démissionné de ses fonctions de direction et a été remplacé par Renaud Le Youdec, manager de transition. Le Tribunal de commerce de Paris a désigné un duo d’administrateurs judiciaires composé d’Hélène Bourbouloux, Administrateur Judiciaire chez FHB et de Bertrand Manière, Administrateur Judiciaire chez Thevenot Partners.
Détenu par ses fondateurs, ainsi que le fonds L-GAM et la famille princière du Lichtenstein, le groupe est à la recherche d’un repreneur. Un appel d’offres a été lancé, les candidats repreneurs ont jusqu’au 21 juin pour se manifester auprès des deux administrateurs judiciaires. Plusieurs candidats repreneurs se sont à priori déjà manifestés.
Par Cyprien de Girval