Toujours au plus bas, les chiffres de ce troisième trimestre de l’année 2021 font état de 5 311 défaillances d’entreprises selon l’étude Altares. En recul de 20,8 % par rapport au troisième trimestre de l’année 2020, le volume des jugements est deux fois inférieur au niveau d’avant Covid. Cependant, un vaccin anti-défaillance ne semble pas avoir été trouvé, des signaux de fragilisation émergeant pour les PME de 10 à 19 salariés.
Selon les données de l’Observatoire économique du CNAMJ, au 27 septembre 2021, le volume d’ouvertures de procédures était en chute de 35% comparé au mois de septembre 2020. Cette évolution est due, dans une large mesure, à la chute du nombre d’ouvertures de liquidations judiciaires directes. Par conséquent, le volume d’ouvertures de procédures en septembre 2021 sera donc, selon toutes probabilités, en fort retrait par rapport à septembre 2020 et plus encore par rapport à septembre 2019 et 2018 (à ce stade, -58% et -61% respectivement), ce que confirment les chiffres de l’étude Altares. En effet, depuis le printemps 2019, le nombre de défaillances d’entreprises recule chaque trimestre. Cependant, les entreprises ne sont pas immunisées contre les défaillances, quelques activités présentent tout de même des signes de fragilité.
Parmi ces signes, les redressements judiciaires de PME de 10 à 19 salariés augmentent de 30 %. Les TPE concentrent plus de neuf procédures sur dix (93 %). Avec 4 930 procédures ouvertes au troisième trimestre, elles enregistrent une baisse du nombre de défaillances de 21 % par rapport à la même période de 2020. La dynamique contraire est observée pour les PME de 10 à 19 salariés. Bien qu’encore épargnées au deuxième trimestre 2021, elles présentent désormais des signes d’alerte. Elles enregistrent une augmentation de 2,9 % du nombre de procédures collectives. Les liquidations directes reculent quant à elles de 5 % et les sauvegardes s’effondrent de 28 %. La moitié des PME concernées a plus de 10 ans et un tiers se concentre dans le bâtiment (gros œuvre et second œuvre)
Par ailleurs, certains secteurs sont, sans surprise, plus impactés que d’autres tels que la construction, le commerce de proximité ainsi que l’hébergement et restauration. À titre d’exemple et selon les données de l’Observatoire économique, 3 616 procédures collectives ouvertes sur 18 995 au total, jusqu’au 27 septembre 2021, concernent le secteur de la construction contre 353 pour les activités financières et d’assurance. Si la quasi-totalité des secteurs semble donc résister, plusieurs activités, telles que l’industrie manufacturière (1 002 procédures ouvertes sur 18 995 fin septembre 2021) et le transport routier de fret, présentent des signes de fragilité.
« Sur le dernier trimestre 2021, les défaillances devraient pouvoir être encore contenues sous le seuil des 10 000 avant que 2022 n’ouvre la voie à des tendances bien moins favorables » explique Thierry Millon, directeur des études Altares, qui conclut en précisant que « le dernier trimestre 2021 sera déterminant pour de nombreuses entreprises. Elles devront se donner les moyens d’embrasser la croissance 2022 pour honorer les engagements d’emprunt et rappels de cotisations. Pour l’heure, la fin du « quoi qu’il en coûte » n’a pas encore été sifflée ».
Par Caroline de Bonville