La restructuration financière et capitalistique du groupe Bourbon, en cours depuis quelques années, se solde par la conclusion d’un accord entre ce dernier et ses créanciers, permettant une réduction massive de l’endettement. Par l’effet de cette restructuration, le groupe Bourbon est à présent intégralement détenu par ses propres créanciers, clap de fin pour ses actionnaires.
Parmi les leaders du marché des services maritimes à l’offshore, le groupe français Bourbon est spécialisé dans les services maritimes auprès des plates-formes pétrolières. Le groupe propose à l’industrie pétrolière une variété de services maritimes tels que le transport de personnel vers les plates-forme, l’ancrage d’installations en mer et la maintenance en milieu subaquatique, sur les champs pétroliers, gaziers et éoliens offshore. Cette offre de services repose sur une flotte moderne et standardisée de 458 navires et sur plus de 8 200 professionnels hautement qualifiés. Le groupe offre à ses clients un service de proximité dans ses 44 pays d’intervention, en garantissant les plus hauts standards de qualité et de sécurité.
Le retournement du marché pétrolier en 2014, dû à la baisse du prix du pétrole jusqu’en 2016, a poussé le groupe Bourbon à engager des discussions et à négocier avec la quasi-totalité de ses créanciers bancaires et loueurs, en France comme à l’étranger.
Au terme de ces négociations, le groupe Bourbon et ses créanciers sont parvenus à un accord permettant une réduction massive de l’endettement de plus d’1,5 milliard d’euros, passant de 2,648 milliards d’euros à 1,065 milliards d’euros dont 228 millions d’ORA. Ces ORA pourraient, potentiellement, être converties en actions à la fin de l’année selon les conditions actuelles de marché. Cette réduction de l’endettement s’est également effectuée par la mise en place de nouveaux financements à hauteur de 150 millions d’euros garanties par trois fiducies (deux fiducies sur créances et une fiducie sur titres) qui viennent s’ajouter à l’octroi de prêts garantis par l’État d’un montant d’environ 38 millions d’euros.
Cette restructuration aboutit à la détention intégrale du groupe par ses propres créanciers. Les plus grands groupes bancaires français (Société Générale, BNP, BPCE, Crédit Agricole et Crédit Mutuel notamment) mais également d’autres établissements étrangers (ICBCL et Standard Chartered Bank à hauteur respectivement d’environ 18 % et de 10 %) sont devenus actionnaires. Il s’agit d’un dossier sans précédent ayant nécessité « une très rigoureuse coordination transfrontalière afin parvenir à une mise en œuvre simultanée des opérations de restructuration » constate Astrid Zourli, Counsel au sein du département Restructuring du cabinet Hogan Lovells à Paris. Ce dossier singulier est l’un des plus importants du moment pour deux raisons. D’une part, le montant de la dette restructurée est important. D’autre part, il s’agit d’un dossier majeur en raison du nombre de juridictions concernées et de la multiplicité des types de financement. « Il s’agit de l’un des plus importants lenders led jamais réalisé en France » précise Philippe Druon, associé responsable de la pratique restructuring du cabinet Hogan Lovells à Paris.
Philippe Druon met en avant le caractère atypique du dossier en déclarant que « Bourbon est un dossier hors normes à de très nombreux égards, ne serait-ce que par sa durée puisqu’il a débuté pour nous en août 2016. Sa complexité technique est aussi absolument sans précédent. Il a nécessité l’alignement de tous les créanciers du Groupe Bourbon, aux intérêts souvent divergents, sur une proposition de restructuration commune ».
Le Groupe Bourbon a été conseillé par le cabinet Hogan Lovells ayant mobilisé une équipe menée, depuis le bureau de Paris, par Philippe Druon, associé responsable de la pratique Restructuring, ainsi qu’Astrid Zourli, counsel. À Paris, l’équipe comprenait également, Clémence Droz, Hugo Bodkin, Paul Duarte et Fatoumata Traore en restructuring ; Alexander Premont, Cristina Marin, Guergana Zabounova, Constance Brégé et Tam Tran en financement ; Jean-Marc Franceschi, Laura Medjoub, Claudia Reix et Leonie Bontoux en Corporate ; Xenia Legendre, Thomas Claudel et Maximilien Schmitt en Droit Fiscal. Andrew Carey, Stephanie Saunders et Ailsa Davies du bureau de Londres et Alexander Koch, Emmanuel Lamaud et Benoit Serraf en Corporate et Gérard Neiens et Pierre-Luc Wolff en Droit Fiscal du bureau du Luxembourg sont également intervenus.
Bourbon a également été conseillé par le cabinet Norton Rose Fulbright sur l’ensemble des aspects shipping de l’opération (Christine Ezcutari dirigeait une équipe multi-juridictionnelle basée à Paris, Londres, Luxembourg et Singapour composée notamment de Sue Ann Gan, Florent Trouiller, Alexandre Roth, Paolo Pinna, Llian Williams, Alexis Babin de Lignac, Constance Ollat, Lorraine Viard, Polina Maloshchinskaia, Marta Kowalewska) ainsi que par les cabinets BBLM Avocats (Bernard Bouquet, Rémy Gomez et Thomas Gagossian) pour des aspects corporate et Kvale (Jostein Moen) en Norvège.
Le Groupe Bourbon a été accompagné par la banque d’affaires Lazard Frères (François Guichot-Pérère, Aurélien Gore Coty et Louis Ghesquière-Dierickx) sur les aspects financiers et EY Restructuring (Guillaume Cornu, Karim Lasri et Noé Tritz) sur l’IBR, la modélisation des prévisions de trésorerie, suivi de la trésorerie et mapping de la dette.
Les créanciers du groupe ont été conseillés par le cabinet Freshfields Bruckhaus Deringer (Laurent Mabilat, Stéphanie Corbière, Marie Roche, David Albertini, Roy Charles Bates, Thomas Jeannin, Maria Douillet et Elodie Soler pour les aspects de restructuring et du financement ; Hervé Pisani, Guy Benda, Sami Jebbour, Paul Bévierre et Victor Cann en corporate ; Cyril Valentin et Jordan Serfati sur les aspects fiscaux de l’opération ; Dimitri Lecat, Emmanuelle Brunelle et Alice Sich sur les aspects compliance ; Jérôme Philippe, François Gordon et Sofia Bekkali sur les aspects de droit de la concurrence ; Pascal Cuche et Tanguy Bardet sur les aspects regulatory).
Les créanciers ont également été conseillés par le cabinet De Pardieu Brocas Maffei (Philippe Dubois, Clément Maillot-Bouvier et Dorine Chazeau pour les aspects de restructuring ; Corentin Coatalem, Aurélie Paneels et Eryk Nowakowski pour les aspects de financement – notamment les prêts garantis par l’Etat et la restructuration des dérivés – ; Thomas Forin et Elodie Piroard sur les aspects corporate).
Enfin, les créanciers étaient également conseillés par le cabinet Watson Farley & Williams (Laurence Martinez-Bellet, Philippe Monfort, Lisa Tavlaridis, Nicolas Nader, Isabella Roberts et Inès-Anaïs Martinet sur l’ensemble des aspects shipping de l’opération), ainsi que par la banque d’affaires Houlihan Lokey (Laurent Benshimon, Julien Bobin et Nicolas Guelfand sur les aspects financiers) et par les cabinets Mayer Brown, Stephenson Harwood, Kramer Levin, Clifford Chance, Stream, Avocats et Solicitors, Sigrist & Associés et Croquelois Avocats à Paris et Rajah & Tann Asia à Singapour.
Equitis est intervenu en tant que fiduciaire (Stéphan Catoire, Eléonore Delplanque de Mandelot et Bianca Belassen) avec Daniela Kotzeva sur les aspects juridiques.
Par Caroline de Bonville