La société de production et de distribution de Luc Besson a été placée en procédure de sauvegarde ce lundi 13 mai 2019 par le tribunal de commerce de Bobigny. Une période d’observation de 6 mois a été ouverte afin de permettre à EuropaCorp de « négocier les termes d’un assainissement de [sa] situation financière via une restructuration de sa dette et de son capital » selon les termes de son communiqué de presse.
Depuis plusieurs années la situation financière d’EuropaCorp se dégrade. Ses difficultés l’ont conduit à mettre en place en 2015 un plan de sauvegarde de l’emploi en France puis à céder de nombreux pans de son activité. L’échec commercial du film au budget impressionnant de 197 millions d’euros « Valérian et la cité des mille planètes » sorti en 2017 a fini d’affaiblir le groupe. En janvier 2018, la société d’investissement Mediawan de Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre Antoine Capton a racheté 80% du pôle audiovisuel du groupe (hors séries américaines) et son activité d’exploitation de films issus du catalogue Roissy films a été reprise par Gaumont en mars 2019.
Mais ces premières mesures de restructuration n’ont pas suffi à redresser les comptes. Fin 2018, EuropaCorp annonçait au marché qu’elle connaîtrait un exercice 2018-2019 significativement déficitaire. C’est dans ce contexte, qu’elle s’est placée sous la protection du tribunal en sollicitant l’ouverture d’une procédure de sauvegarde. Son objectif : « négocier les termes d’un assainissement de [sa] situation financière via une restructuration de sa dette et de son capital » selon son communiqué de presse. EuropaCorp précise également que la cotation du titre sur Euronext Paris qui avait été suspendue à compter du 6 mai après la clôture du marché a repris le 14 mai à l’ouverture du marché.
Quel avenir pour EuropaCorp ?
Cette première période d’observation de six mois devrait permettre à EuropaCorp de souffler un peu, le règlement de ses créances antérieures à l’ouverture de la procédure étant gelées, afin d’envisager les mesures nécessaires pour pérenniser son activité.
Le soutien annoncé de ses créanciers prêteurs senior et junior pour l’ouverture de cette procédure est un signal aussi rassurant qu’il était nécessaire.
En effet, selon BFM Bourse la dette d’EuropaCorp, principalement contractée auprès de la banque JP Morgan deviendrait exigible en octobre 2019 pour le prêt principal (dont le montant s’élevait à 229 millions d’euros en mars 2018). Or, les cas d’exigibilité anticipé sont nombreux (baisse de la participation de Luc Besson en dessous du seuil de 30%, Luc Besson cesse d’être mandataire social, détention de capital à hauteur de plus de 50% par un nouvel actionnaire etc…). Ces derniers seraient un véritable frein à la restructuration en l’absence de coopération des prêteurs. Par ailleurs, toujours selon BFM Bourse, l’ensemble des actifs de la société (et donc principalement son catalogue de films) leur ont été donné en garantie. Anna, le prochain film de Luc Besson qui sortira en juillet 2019 a ainsi été nanti auprès de JP Morgan.
Ces prêteurs seront donc des acteurs essentiels de la restructuration. Le premier signal lancé par ces derniers qui « ont donné leur assentiment à la mise en œuvre d’une telle procédure en accordant un waiver à EuropaCorp, ce qui est rare » est donc réellement positif.
Plusieurs options sont ouvertes : renégociation et restructuration de sa dette, entrée de nouveaux investisseurs, cession de nouveaux pôles / activités… EuropaCorp l’a annoncé, elle tiendra le marché au courant « en temps utiles » sur l’issue de ses négociations et les mesures envisagées.
La SELARL FHB prise en la personne d’Hélène Bourbouloux a été nommée administrateur judiciaire d’EuropaCorp. La SELARLU BALLY prise en la personne de Pascal Bally et la SELAFA MJA prise en la personne d’Axel Chuine ont été nommés co-mandataires judiciaires.
Par Cyprien de Girval