Après avoir atteint un plancher inédit en 35 ans en 2021, l’exercice 2022 semble se normaliser, sans pour revenir aux années pré-Covid, avec 41020 défaillances constatées. En 2023, une augmentation de 41 % des défaillances est attendue. Pour étudier le profil des entreprises en difficulté, par secteurs et par région, EY et AU Group ont uni leurs forces autour d’un panel d’experts animé par Vivien de Lassée, DG AU Group et Guillaume Cornu, associé EY, et composé de Julien Brindeau, associé EY, Ludovic Subran, chef économique chez Allianz, Franck Sebag, associé EY, Guillaume Cadiou, délégué interministériel aux restructurations d’entreprises, Marc Delerue, Directeur Grand Comptes, AU Group et Alexandre Montay, DG METI. Mayday revient sur les principaux enseignements de l’étude.
Parmi les principales défaillances déplorées en 2022, il est possible de citer Geoxia (261 M€ de CA), Camaïeu (300 M€ de CA), Scopelec (463 M€ de CA) ou encore Clestra Hauserman (77 M€ de CA). Cela étant, l’étude montre qu’en réalité la grande majorité des défaillances a concerné des sociétés récentes et de petites tailles, structurellement plus fragiles que les autres.
Pour les experts, les principaux facteurs en cause sont à l’évidence l’explosion du coût de l’énergie, l’inflation, les ruptures de chaines d’approvisionnement, l’augmentation des matières premières, mais également le climat social.
Un retour à la normale qui devrait s’accélérer en 2023
Si les réserves accumulées depuis la reprise d’activité ont permis d’absorber les chocs sur 2022, au moins en partie, « la résilience des entreprises est confrontée à une triple menace pour 2023: une croissance plus faible, des marges réduites et des conditions de financement qui se détériorent ». Un contexte propice à une nouvelle poussée des faillites. En France, comme pour la moitié des autres pays, « les défaillances d’entreprises risquent fort de dépasser leur niveau pré-pandémie dès 2023, avec un bilan d’environ 59000 (+41%) cas en l’absence de nouvelles mesures de soutien gouvernemental » souligne les experts.
Face aux crises, les 5500 entreprises de taille intermédiaire françaises (ETI) jouent traditionnellement leur rôle « d’airbag » et d’amortisseur de l’économie. « Ce sont dans la majorité des cas des entreprises saines, en plein développement qui sont aujourd’hui fragilisées. De fait, elles ont basculé en quelques mois dans un « mode survie » qui risque de les conduire à des arbitrages très défavorables à l’activité et aux investissements ».
Un marché du capital risque et du capital développement qui fonctionne au ralenti
Après une année record en 2021, ce sont près de 400 milliards de dollars de valorisations qui sont partis en fumée en 2022. Avec la « remontée des taux d’intérêt, l’inflation galopante et le ralentissement de la croissance économique, les tours de table se sont raréfiés et les valorisations des startups ont été revues à la baisse ». A ce titre, EY et AU Group mettent en avant les trois tendances qui devraient s’imposer en 2023 : (i) après avoir géré une hyper-croissance financée via des levées de fonds peu chers et « facilement » réalisables, les directeurs financiers doivent retrouver des modèles économiques fondés sur l’anticipation en terme de trésorerie, la croissance du chiffre d’affaires et la rentabilité de l’activité ; (ii) les fonds d’investissements attendent une combinaison de rentabilité financière et de respect des engagements RSE ; et enfin (iii) certains acteurs devront envisager de se rapprocher plutôt que de disparaitre en essayant de refinancer la société.
Dans un contexte où les signaux passent au rouge, les restructurations de demain passeront par une restructuration de modèle économique et des opérations de consolidation. Impliquant de réaliser une analyse intégrée de la stratégie, l’opérationnel et la finance, les associés d’EY rappellent qu’il est nécessaire « d’avoir la bonne vision de la stratégie, de bien identifier les relais de croissance, pour mettre en place les bons leviers d’amélioration opérationnels, tout en gérant au mieux le BFR et la trésorerie, afin de travailler sur des business plan et plans de retournement pérennes ».
Pour télécharger l’étude complète, voici le lien.
Par Cyprien de Girval