Blanquefort : Alors que Ford a officialisé hier matin le refus de l’offre de Punch Powerglide, ce dernier n’apportant pas les preuves suffisantes de sa pérennité et de sa crédibilité selon le constructeur, il se voit enjoindre par Bercy non seulement d’assumer un PSE sérieux, mais également de participer à la reindustrialisation de la région.
Comme le rappelle Le Parisien, l’histoire a commencé en juin 1973, lorsque Henri Ford II petit-fils vient inaugurer l’usine girondine, à l’époque séduit par l’appel du pied de Jacques Chaban-Delmas, alors premier ministre et maire de Bordeaux. Le spécialiste des boites de vitesses se porte merveilleusement bien, jusque dans les années 2000 où il pâtit de la baisse des ventes de 4×4 aux Etats-Unis. C’est alors le début d’une irrémédiable chute, jusqu’à la reprise du site par l’allemand HZ holding en 2009, qui donne un court espoir aux salariés. Cependant, ce dernier, frappé par la crise, cédera à nouveau la main à Ford qui tentera sans grand succès un dernier projet en 2013 avec la production d’un mode de transmission à 6 vitesses automatique.
Hier matin « Ford a confirmé à ses salariés ne pas accepter la dernière proposition du repreneur potentiel et rester concentré sur l’approbation du plan social », a indiqué un porte-parole de l’entreprise à l’AFP. Le constructeur automobile américain continuerait donc de privilégier un plan social pour les 850 salariés de l’usine girondine. Selon le Parisien, Ford considérerait que ce plan resterait le choix « permettant aux salariés d’avoir le plus de visibilité sur leurs options à venir ».
Impuissant, Bercy a fustigé le refus de Ford jugé « indigne » pour indiquer lors d’une conférence de presse « Nous regrettons que cette offre, une nouvelle fois, n’ait pas été acceptée par Ford et que la porte soit restée fermée ».
Une offre jugée insuffisante par Ford
La nouvelle offre de reprise émise par le strasbourgeois Punch Powerglide avait été annoncée en grande pompe par Bercy lundi dernier, bien que son contenu n’est jamais été présenté en détail. Pour mémoire, Ford avait déjà refusé une première offre fin 2018 au motif que celle-ci ne faisait pas la démonstration de sa solidité et affirmait déjà qu’un plan social lui paraissait plus sécurisant pour les salariés. D’ailleurs, les organisations syndicales se montraient elles-mêmes dubitatives face à l’offre de Punch Powerglide qui supprimait près de la moitié des emplois et qui n’était pas accompagnée d’engagements de volumes de la part des principaux clients.
Philippe Poutou s’est ému à son tour de la situation et considère que « ce qui est triste, c’est ce constat de voir qu’un Etat ne puisse pas contraindre une multinationale comme Ford ».
La fermeture du site représente 850 emplois directs et environ 2.000 emplois indirects. C’est un véritable séisme localement, aggravé par les 22 à 26 millions d’euros d’aides publiques directes qu’aurait touchés le constructeur américain entre 2013 et 2018 selon Capital.
En tout état de cause, Ford va maintenant non seulement devoir assumer la mise en place du PSE, mais également participer au démantèlement et à la dépollution du site, ainsi qu’à la réindustrialisation de la région, a indiqué Bercy qui œuvre à élaborer un plan d’envergure dont les contours restent encore à déterminer …
Par Cyprien de Girval