En redressement judiciaire depuis le mois de mai 2020, la marque française Alinéa peut poursuivre son activité grâce à sa reprise par Néomarche, ordonnée par jugement du Tribunal de commerce de Marseille du 14 septembre 2020.
Créée en 1989 par Auchan, l’entreprise française Alinéa a d’abord ouvert un premier magasin en Provence à Avignon avant de se développer sur l’ensemble du territoire, jusqu’à atteindre aujourd’hui 27 magasins, un site internet ainsi que 4 magasins franchisés, répartis dans 10 régions. L’entreprise ne compte pas loin de 2.000 salariés dans ses rangs. Le communiqué d’Alinéa souligne que la marque française de décoration « s’est engagée dans une démarche forte de durabilité et responsabilité, avec une relocalisation progressive et systématique de ses productions ».
Malgré sa rapide expansion, la société a présenté dès 2011 des problèmes de rentabilité, la conduisant à mettre en place un plan de transformation en 2017. Les mesures de retournement ont eu des premiers effets positifs mais la survenance de la crise sanitaire a empêché la société de poursuivre son repositionnement commercial et sa restructuration.
Alexis Mulliez, président de la société Alinéa, a donc déposé une déclaration de cessation des paiements. Par jugement du 13 mai 2020, le Tribunal de commerce de Marseille a ouvert un redressement judiciaire au bénéfice de l’entreprise et a désigné l’étude Ajilink (Frédéric Avazeri et Jérôme Cabooter) ès qualités de co-administrateurs judiciaires, et les études Louis et Lageat (Jean-Pierre Louis) et Simon Laure (Simon Laure) ès qualités de co-mandataires judiciaires.
Face au constat de l’impossibilité de présenter un plan de redressement, les co-administrateurs judiciaires ont lancé un appel d’offres.
Au premier tour, plusieurs offres ont été déposées auprès du Tribunal de commerce de Marseille, dont LIDL, Leroy Merlin, GIFI, Néomarche ou Foirfouille. Par la suite ne subsistaient que les trois dernières offres :
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Celle de Néomarche, société détenue en partie par Alexis Mulliez, assurant la reprise de 9 magasins et de l’ensemble des emplois attachés à ces sites, soit 865 emplois sur les 1.895 que compte Alinéa. En outre, près de 2.000 propositions de reclassement du personnel non repris ont été reçues ou sont en attente.
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Celle de l’enseigne GIFI (Groupe Philippe Ginestet), portant sur le magasin de Poitiers et les 38 postes qui y sont occupés.
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Celle de la chaine de magasins Foirfouille, portant également sur le magasin de Poitiers.
Par jugement du 14 septembre 2020, le Tribunal de commerce de Marseille a adopté les deux offres complémentaires de Néomarche et GIFI. Ainsi 9 magasins seront conservés (Aubagne, Avignon, Blagnac, Herblay, Grenoble, Limoges, Mérignac, Montpellier, et Nancy) tout comme le site web alinea.com. Parallèlement, les 4 magasins franchisés (Arcachon- la Teste de Buch, Beauvais, Creil, Mantes-la-Jolie) poursuivent également leur activité.
Alinéa est donc reprise par son ancien dirigeant et actionnaire. Toutefois, comme le soulignent Jean-Pascal Beauchamp et Christophe Guerner (Deloitte Restructuring), l’offre retenue permet de sauver plus de 900 emplois, outre les nombreuses offres de reclassement dans les autres enseignes du Groupe. Par ailleurs, l’offre de Néomarche était la seule portant sur le fonds de commerce de la société malgré une recherche de repreneurs lancée largement en France et à l’international.
Alinéa était accompagnée par ses administrateurs judiciaires, les études Ajilink Sud-Est (Frédéric Avazeri) et Ajilink Ile de France (Jérôme Cabooter et Jérôme de Chanaud) et ses mandataires judiciaires, l’étude Louis Lageat (Jean-Pierre Louis) et l’étude Simon Laure (Simon Laure). Alinéa a également été conseillée par le cabinet Archers (Fabrice Patrizio), le cabinet BBLM & Associés (Bernard Bouquet), ainsi que le cabinet Actance (Loïc Touranchet). La société était en outre conseillée sur les aspects financiers par le cabinet EY (Guillaume Cornu et Ameziane Abdat) et Deloitte Restructuring (Jean-Pascal Beauchamp, Christophe Guerner, Lucile Regnault, Anas Jaldi, et Vincent Magot Cuvru).
Le repreneur Néomarche était conseillé par le cabinet Alerion Avocats (Gilles Podeur) sur les aspects juridiques et Eight Advisory (Paul Lederlain) sur les aspects financiers.
Le Groupe Philippe Ginestet était conseillé par le cabinet Astrup Tellechea (Géraldine Astrup).
Par Agathe Caquineau