Mayday a rencontré Dimitri Pivot, fondateur de l’association Second Souffle. Il intervient aux côtés des entrepreneurs ayant connu la faillite d’une entreprise et les aide à rebondir. Il revient sur son histoire personnelle. Après avoir connu le succès, il a été marqué par les stigmates de l’échec et a décidé de faire changer les mentalités.
Mayday : Vous avez créé l’association Second Souffle, pourriez-vous nous expliquer à qui s’adresse-t-elle et quelle est sa mission ?
Dimitri Pivot : Second Souffle est une association reconnue d’intérêt général qui accompagne les entrepreneurs ayant connu des difficultés vers le rebond.
L’association à vocation à réhabiliter l’entrepreneur qui a traversé des difficultés auprès des recruteurs et des organismes financiers et à valoriser l’expérience entrepreneuriale comme un potentiel de compétences à explorer.
Second souffle dispose d’une implantation nationale avec des bureaux à Paris, Lille, Lyon et Rennes.
Mayday : Pourriez-vous revenir sur la genèse de votre association, quelles ont été vos motivations lorsque vous l’avez créée ?
DP : Je suis moi-même entrepreneur, j’ai créé en 2001 la société Kitécano qui était un atelier de fabrication de meubles pour enfants.
Après avoir rencontré un succès important – la société a été lauréate du concours de TF1 « Les coulisses de l’économie » en 2004 et disposait de 40 points de vente – j’ai été confronté à des problématiques de gestion de croissance. Je me suis plus épuisé à chercher à renforcer mes fonds propres pour soutenir mon développement, qu’à développer ma force commerciale. Dans ce contexte, sans financement pour assurer ma croissance, j’ai vendu par étage (activités) mon entreprise afin de minimiser mes dettes.
Point très important, parce que les entrepreneurs ont une éthique, j’ai payé l’intégralité de mon passif, j’en ai fait une question de principe.
Face à la nécessité de devoir générer du revenu, j’ai cherché un emploi en tant que salarié. J’ai été confronté à une mauvaise perception de la société face à l’échec entrepreneurial. C’est ainsi qu’après avoir envoyé plus de 200 CV, sans réponse, il m’a été conseillé de supprimer mon aventure entrepreneuriale de mon parcours. Ce fut très difficile, mais avec l’accord de mon ancien employeur, j’ai remplacé cette expérience par mon ancienne fonction commerciale.
J’ai tout de suite trouvé un travail …
Cela m’a fait réfléchir et en 2010, j’ai décidé de créer Second Souffle qui fut la première association dédiée au rebond de l’entrepreneur, avec pour objectif de changer le regard de la société sur l’entrepreneur ayant connu des difficultés.
Mayday : Pourriez-vous nous expliquer la méthode Second Souffle qui permet d’accompagner le rebond des entrepreneurs ?
DP : Notre méthode de rebond en 3 étapes clés consiste à :
1. Accueillir les chefs d’entreprises qui ont traversé des difficultés dans le cadre de nos « jeudis du Second Souffle » pour leur permettre de rompre la solitude du chef d’entreprise, d’échanger et de partager les expériences et solutions dans un cadre convivial. Ils ont lieu tous les premiers jeudis de chaque mois. ;
2. Accompagner nos membres dans leur parcours de rebond à travers 3 ateliers thématiques : reprendre confiance, optimiser son CV et développer son réseau. Nous faisons cela en collaboration avec l’APEC et des intervenants diplômés de haut niveau. ;
3. Rebondir en devenant acteur de son rebond. L’entrepreneur – prospecte et présente notre action aux ETI, PME, TPE pour les inviter à devenir partenaires et à nous ouvrir leurs offres d’emplois. Il valorise son parcours d’entrepreneur en rebond à la recherche d’un emploi et développe son propre réseau de chefs d’entreprises, source d’opportunités potentielles. Enfin, il apprend à synthétiser et à rendre percutante sa démarche face à un dirigeant
Avec notre méthode 1.2.3 a pour objectif d’analyser l’échec, de favoriser la reprise de confiance en soi de l’entrepreneur et de mettre en avant ses domaines de compétence pour lui permettre de retrouver rapidement un emploi ou de recréer une activité. Nous pensons sincèrement que c’est en soutenant ces chefs d’entreprises en difficulté à retrouver un second souffle que le potentiel entrepreneurial sera renforcé.
Depuis l’an dernier, nous développons également deux nouveaux évènements.
Tout d’abord, les journées « 24h chrono pour rebondir » dont l’objectif est de fédérer pendant une journée l’ensemble des acteurs économiques publics et privés impliqués dans le rebond des entrepreneurs. C’est une opportunité d’échange et de partage lors de conférences-débats pour être mieux informé. Les visiteurs peuvent découvrir les offres d’emploi et de services liées au rebond entrepreneurial et salarial proposées par les exposants et les sponsors.
Ensuite, les conférences « EntreprenUp » au sein des établissements d’enseignement supérieur ou des entrepreneurs de talent présentent « leurs clés de succès et leurs échecs utiles ».
Propos recueillis par Cyprien de Girval
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